Un homme émacié semble avoir survécu 27 jours sous les décombres de Port-au-Prince, une histoire miraculeuse qui tranche avec le quotidien de la capitale haïtienne où les habitants peinent à trouver des médicaments, un emploi et une fin digne pour les morts.

Des médecins qui ont soigné Evans Monsigrace, 28 ans, ont affirmé mardi qu'ils pensaient qu'il avait survécu dans les ruines au séisme du 12 janvier qui a fait plus de 200 000 morts.

Le jeune homme a été amené lundi à l'hôpital de campagne de l'Université de Miami à Port-au-Prince par sa famille. «Il était très amaigri et avait l'air assez déshydraté», a dit le docteur Dushyantha Jayaweera.

Le rescapé a été découvert par des ouvriers qui déblayaient des ruines, selon le récit de sa mère. Evans Monsigrace a raconté aux médecins de l'hôpital qu'il avait été enseveli alors qu'il était en train de faire cuire du riz.

«Etonnamment, il s'en est sorti après 27 jours. C'est incroyable», a dit le Dr Jayaweera, précisant que le patient est dans un état stable. «Aujourd'hui il est alerte, avec le sens de l'orientation. Le pronostic est très bon».

Cette heureuse nouvelle tranche avec les difficultés auxquelles les Haïtiens sont confrontés dans leur vie de tous les jours.

Mardi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de suspendre la fourniture de médicaments gratuits aux cliniques privées et aux ONG, après des informations indiquant que certains patients devaient payer pour en bénéficier.

«On nous a rapporté que des hôpitaux faisaient payer les patients pour leur traitement. Il faut éviter ce type d'abus. Seuls les hôpitaux publics vont continuer à recevoir les médicaments gratuitement», a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'OMS, Marie-Agnès Heine.

Autre difficulté pour les Port-au-Princiens: trouver un emploi.

Le coeur commercial de Port-au-Prince a été transformé en terrain vague parsemé de gravats. Un grand nombre d'usines et d'édifices administratifs ont également été détruits et leurs employés ne peuvent pas retourner au travail.

Il n'y a qu'un seul moyen de redresser ce pays où 70% de la population était sans emploi avant le tremblement de terre, selon Paul Farmer, médecin et émissaire adjoint de l'ONU en Haïti: «des emplois, des emplois, des emplois».

Les habitants peinent aussi à identifier les derniers cadavres sortis des décombres.

Dans la cour du Carribean market, le plus grand supermarché de Port-au-Prince dont les cinq étages se sont écrasés, cinq corps de femmes reposent à même le sol sous un drap blanc.

«On n'a pas réussi à retrouver les familles», explique Meir Vaknin, le responsable du déblaiement. «Pour les hommes, nous avons les portefeuilles. Pour les femmes, c'est difficile, des bijoux, des chaussures...»

Les dirigeants de pays d'Amérique du sud se sont retrouvés mardi à Quito pour un sommet consacré à l'aide à Haïti autour du président René Préval.

Une nouvelle priorité est apparue mardi: les météorologues d'Haïti, que le séisme a privé de moyens, ont besoin d'aide avant l'arrivée de la saison des pluies et des cyclones, a averti l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Le juge haïtien chargé de l'affaire des dix Américains poursuivis pour enlèvement d'enfants a entendu mardi certains de leurs parents haïtiens et plusieurs inculpés.

Le père d'un de ces enfants a assuré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, avoir donné de plein gré son fils de 15 ans «pour des soins médicaux».

L'actrice américaine Angelina Jolie, ambassadrice du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, est quant à elle arrivée mardi en Haïti où elle a rencontré des enfants victimes de la catastrophe.