L'ancien président américain Bill Clinton, émissaire de l'ONU pour Haïti, est revenu vendredi à Port-au-Prince en pleine agitation populaire face à la lenteur des secours, plus de trois semaines après le séisme qui a dévasté le pays.

M. Clinton est arrivé en milieu de journée au commissariat de police qui sert de siège au gouvernement haïtien depuis le tremblement de terre du 12 janvier.

Signe du mécontentement des sinistrés haïtiens, l'ancien président a été accueilli par 200 manifestants réclamant des tentes pour se loger.

«Nos enfants brûlent sous le soleil. Nous avons droit aux tentes», a lancé Mentor Natacha, 30 ans, jeune mère de deux enfants.

La manifestation a été dispersée en début d'après-midi mais une trentaine de personnes se sont à nouveau rassemblées dans la foulée. L'une d'elles tendait un portrait de l'ancien président haïtien Jean Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud depuis son éviction du pouvoir en 2004.

C'est la deuxième visite à Port-au-Prince de Bill Clinton depuis la secousse qui a fait au moins 212.000 morts.

Les manifestants semblaient sans animosité à l'égard de M. Clinton, désigné mercredi par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, pour coordonner l'aide internationale à Haïti. Mais beaucoup d'Haïtiens reprochent à leur gouvernement de ne rien faire pour venir en aide au million de sinistrés dénombrés dans le pays.

«Le gouvernement haïtien n'existe pas pour nous», résumait Béatrice Saint-Julien, qui campe tant bien que mal au milieu des décombres en face du tribunal où dix Américains membres d'une association religieuse ont comparu jeudi pour avoir tenté de sortir illégalement du pays une trentaine d'enfants.

Leur demande de libération provisoire, a été rejeté, a annoncé, en fin de journée, leur avocat Edwyn Coq. Les cinq hommes du groupes doivent maintenant être transférés au pénitencier national. Les cinq femmes, dans une prison pour femmes de Pétion-ville.

A Washington, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a espéré vendredi une résolution «rapide» de ce dossier. «Nous allons continuer à fournir un soutien (consulaire), comme nous le faisons toujours pour les Américains inculpés», a-t-elle déclaré à la presse.

Interrogé à ce sujet par l'AFP, son mari a déclaré que leur libération ne faisait «pas partie de (son) mandat».

Les autorités haïtiennes se sont plaintes que cette affaire ait relégué au second plan l'organisation des secours et la reconstruction du pays.

Selon Patrick Delatour, le ministre du Tourisme, désormais chargé de la reconstruction, l'Etat n'a reçu que 4.000 tentes sur les 200.000 promises.

M. Clinton a annoncé l'arrivée de plusieurs milliers de tentes supplémentaires au cours des prochains jours.

Parallèlement, le ministre des Finances canadien Jim Flaherty a affirmé vendredi à Iqaluit (Canada) qu'il y avait un «fort mouvement» au sein du G7 pour aller vers une réduction de la dette d'Haïti, après le séisme de janvier.

Devant les difficultés rencontrées par le gouvernement, certains Haïtiens rêvaient de changement à la tête de l'Etat, enviant la situation de leurs voisins.

«Nous les Haïtiens, on adore (Hugo) Chavez et (Barack) Obama», les présidents vénézuélien et américain, a expliqué Frank Royemon. «C'est eux qui devraient être notre président».

Dans l'anarchie ambiante, la police a annoncé avoir arrêté 100 des 4.000 détenus qui se sont évadés de la principale prison de Port-au-Prince, détruite par le séisme.

A Port-au-Prince, une «miraculée» devait regagner la terre ferme: la jeune Darlene Etienne, sauvée 15 jours après le séisme, s'apprêtait à quitter vendredi le navire-hôpital français où elle a été soignée depuis son sauvetage.