À 14 h 46 vendredi, heure du Japon, ils ont senti la terre trembler.  Alors qu'au nord du pays, la menace nucléaire plane encore, la vie dans capitale nippone reprend son cours. Dans une tour de bureaux ou dans un magasin à grande surface, des Québécois qui se trouvent à Tokyo témoignent du séisme et de ses lendemains.

Quand la terre s'est mise à trembler vendredi après-midi, Marc Trudel se trouvait à Tokyo, au sixième étage d'un immeuble de bureaux. Nommé responsable de la sécurité en cas de tremblement de terre, ce Lavallois, qui travaille pour une entreprise oeuvrant dans les technologies web, a invité ses collègues à quitter le bâtiment. «Il fallait prendre les escaliers extérieurs et ça tremblait énormément, relate-t-il. On voyait les bâtiments en face qui allaient presque se toucher l'un l'autre à cause du tremblement.»

Employée du Cirque du Soleil, Geneviève Laurendeau se trouvait dans un magasin à grande surface au moment du séisme. Voyant d'abord les étalages bouger, elle a mis quelques instants avant de réaliser l'ampleur du séisme. «Les tremblements persistaient et semblaient augmenter en force, raconte-t-elle. Une femme s'est mise à gémir puis à pleurer. J'ai alors réalisé que c'était plus sérieux que je ne le croyais.»

Menace nucléaire



Au lendemain du séisme, samedi, la vie semblait reprendre son cours dans la capitale nippone, qui a été moins touchée que des villes et villages du nord-est du pays. Mais la menace causée par une explosion survenue dans une centrale nucléaire de Fukushima, à 250 kilomètres de Tokyo, semait l'inquiétude. «Ce qui préoccupe le plus les gens aujourd'hui, c'est la situation avec la centrale nucléaire, note Guy Roberge, un Québécois originaire de L'Ancienne-Lorette qui travaille dans une banque de Tokyo. Les gens se demandent si le gouvernement dit la vérité. La centrale est loin de Tokyo, mais selon les vents et le niveau de radiations, est-ce que ça peut être dangereux ici? Beaucoup de gens commencent à s'inquiéter. Pour ma part, j'ose croire que le gouvernement dit la vérité.»

Olivier Jacques, un autre Québécois établi à Tokyo, fait lui aussi confiance aux autorités. «On suit la situation, et on nous dit que c'est correct, affirme-t-il. Il existe un grand sentiment de confiance envers les autorités japonaises, qui abordent la situation avec beaucoup de prudence et de transparence. S'il y a un problème, nous serons avertis.»



Rues désertes



Bondées pendant les heures suivant le séisme, les rues de Tokyo étaient désertes, samedi, remarque M. Jacques. «Ça contraste avec les images d'hier soir, où les rues étaient remplies de piétons et de gens qui essayaient de rentrer à pied. Plusieurs personnes ont mis presque 24 heures à rentrer chez eux. Maintenant, on a l'impression que la ville est endormie. Les trains ont repris, mais on nous dit que c'est très lent. Les épiceries et les stations-service sont rouvertes. Mais, il fallait attendre presque une heure pour payer à l'épicerie et les allées sont vides de produits. Malgré tout ça, tout se déroule dans un calme exemplaire. C'est assez impressionnant.»

Les autorités japonaises déconseillent aux gens de se rendre dans les régions dévastées pour offrir de l'aide. «On nous conseille de faire des dons en argent, ou des dons de sang, souligne Olivier Jacques. Des cliniques pour donner le sang ont été installées dans la plupart des grandes stations de trains.»

Il ajoute que plusieurs secousses secondaires ont été ressenties à Tokyo au cours de la journée, samedi.