Les Etats-Unis, en parvenant mardi lors du sommet tenu à leur initiative à convaincre le monde de l'intérêt de renforcer la sécurité nucléaire, espèrent sans doute avoir sauvé du naufrage la prochaine réunion sur le Traité de non-prolifération (TNP), dans deux semaines.

Le thème officiel de la rencontre de Washington était la prévention du terrorisme nucléaire, présenté par la Maison Blanche comme un «danger croissant».

Que cette affirmation soit exagérée ou pas, la cinquantaine de participants ont adopté un plan de travail pour mieux contrôler les «matières vulnérables» -uranium enrichi et plutonium- dans les quatre prochaines années.

Mais le principal intérêt de cette réunion sans précédent est, d'un point de vue diplomatique, d'avoir enclenché une dynamique positive.

Il fallait en effet éviter un nouvel échec de la conférence de révision du TNP prévue début mai à New York.

La précédente, en 2005, avait été désastreuse et la répétition d'une telle faillite aurait mis en danger un traité qui reste le garant d'une certaine stabilité internationale.

Or, aux yeux de bien des pays signataires, il avait été autant sapé ces dernières années par le non respect de ses clauses par les grandes nations nucléaires, que par les visées des pays «proliférateurs», la Corée du Nord et l'Iran.

Washington en particulier n'a pas ratifié le traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et a refusé, pour l'instant, de discuter des milliers d'ogives nucléaires gardées en dépôt.

Il a dû paraître urgent pour la première puissance mondiale de prendre ses responsabilités et de rectifier le tir en créant une atmosphère positive au moment où elle tente de rallier un maximum de pays à des sanctions contre l'Iran, sans parler de l'éternelle épreuve de force avec la Corée du Nord.

D'où l'opportunité de l'accord russo-américain Start II signé le 8 avril à Prague, qui met l'accent sur la réduction des deux principaux arsenaux, puis ce sommet de Washington, qui insiste sur les risques d'un développement incontrôlé du commerce des matériaux nucléaires.

Le président Barack Obama lui-même a replacé dans cette perspective toute la démarche américaine, évoquant à la fin du sommet l'«importante réunion du mois prochain destinée à renforcer le TNP, même si on développe l'usage pacifique de l'énergie nucléaire».

«Nous faisons passer le message que nous, les Etats-Unis, première puissance nucléaire, respectons nos obligations» vis à vis du TNP, a-t-il souligné.

Pour les convaincre de la sincérité américaine, le vice-président Joe Biden a reçu une dizaine de pays non-alignés lundi, en marge du sommet.

«Nous savons que certains pays ici présents et d'autres pensent que nous n'allons pas assez vite» en matière de désarmement, a-t-il déclaré. Mais «nous sommes tous d'accord sur le fait qu'augmenter le nombre d'armes nucléaires ou d'Etats nucléaires constitue la mauvaise approche», d'où l'intérêt de contrôler les matériaux fissiles.

Bien calculée également, malgré la polémique qu'elle a provoquée aux Etats-Unis mêmes, aura été l'annonce la semaine dernière d'une modification de la doctrine militaire américaine.

Désormais, les Etats-Unis s'engagent à ne pas faire usage de leurs armes atomiques contre des pays non nucléaires respectueux des clauses du TNP, même s'ils recouraient à des armes chimiques ou biologiques.

Cela n'est à vrai dire que la stricte application du TNP.

L'important était surtout de priver d'arguments ceux qui contestent l'ordre nucléaire établi et isoler ainsi Pyongyang et Téhéran. La tenue annoncée du second sommet sur la sécurité nucléaire à Séoul en 2012 va évidemment dans ce sens.