Le premier ministre britannique David Cameron signait «lots of love» ( avec beaucoup d'amour) des textos de soutien à la protégée de Rupert Murdoch, Rebekah Brooks, en plein scandale des écoutes téléphoniques, a révélé cette dernière vendredi devant une commission d'enquête.

Lors d'une longue audition devant cette commission chargée d'enquêter à la fois sur les écoutes et sur les liens entre les médias et le monde politique, la rousse flamboyante de 43 ans a admis qu'elle avait évoqué l'affaire des écoutes au News of the World (NotW) avec M. Cameron.

Il s'agissait, selon elle, «de le mettre au courant». «Rien de confidentiel», a-t-elle assuré.

M. Cameron est un ami du mari de Mme Brooks, un éleveur de chevaux, depuis une trentaine d'années, les deux hommes ayant étudié ensemble à la prestigieuse école privée d'Eton.

Les deux couples sont aussi voisins dans la circonscription du premier ministre dans la région rurale de l'Oxfordshire (centre).

Rebekah Brooks a démissionné en juillet dernier de son poste de directrice de News International, la division britannique du groupe de presse Murdoch, à la suite du scandale au sein du NotW, accusé d'avoir fait écouter plus de 800 personnes dans les années 2000.

Soupçonnée «de participation à l'interception de communications» et de «corruption», elle a ensuite été arrêtée, avant d'être libérée sous caution. Elle a de nouveau été arrêtée en mars, suspectée cette fois de «conspiration dans le but d'entraver le cours de la justice».

Rebekah Brooks a admis avoir reçu après sa démission un message «indirect» de sympathie du premier ministre. Interrogée sur un article du Times selon lequel M. Cameron lui avait adressé un texto lui disant «de ne pas se laisser abattre», Rebekah Brooks a répondu que le message était «de cet ordre», mais qu'il était «indirect», sans fournir plus de précisions.

M. Cameron signait généralement ses textos «DC» pour David Cameron ou occasionnellement «LOL», qu'il pensait signifier «Lots of love» jusqu'à ce que Rebekah Brooks lui explique que cela signifiait «laugh out loud» (mort de rire), a-t-elle expliqué.

Elle a reçu également «des messages indirects du number 10 (le bureau de M. Cameron), du number 11 (le ministère des Finances George Osborne), du ministère de l'Intérieur, du ministère des Affaires étrangères», a-t-elle détaillé.

L'ancien premier ministre britannique, le travailliste Tony Blair, lui a aussi adressé un message de compassion, mais pas son successeur, le travailliste Gordon Brown.

Le tabloïd The Sun de Rupert Murdoch avait soutenu le Labour, avant de changer son fusil d'épaule en faveur des conservateurs de David Cameron qui ont défait Gordon Brown en 2010.