Des Britanniques victimes d'écoutes téléphoniques ont l'intention de saisir la justice américaine afin qu'elle se penche sur de possibles «pratiques corruptrices» au sein du groupe de Rupert Murdoch, News Corp., a annoncé vendredi un avocat.

L'initiative est susceptible de donner une nouvelle ampleur au scandale qui secoue l'empire du magnat de la presse depuis plusieurs mois.

L'avocat britannique Mark Lewis a expliqué à l'Associated Press qu'il avait choisi son homologue américain Norman Siegel -qui représente les familles de nombreuses victimes des attentats du 11 septembre 2001-, pour s'en prendre à News Corp. aux États-Unis.

D'après lui, la première audience pourrait intervenir dans les deux à trois mois. Mais Norman Siegel a minimisé la perspective d'une action immédiate, précisant à l'AP qu'on lui avait seulement demandé de déterminer si «une option judiciaire» pouvait avoir lieu. Mark Lewis «nous a demandé d'effectuer la recherche, c'est ce que nous faisons», a-t-il dit.

L'annonce de l'avocat britannique -qui est également intervenu sur Sky News et à la BBC- visait apparemment à instiller la peur chez les actionnaires de News Corp. Mark Lewis a pris soin de noter que les indemnisations accordées aux États-Unis étaient «bien plus élevées» que toutes celles qui pourraient l'être dans le cadre du système judiciaire britannique.

News Corp. s'est refusé à tout commentaire.

Mark Lewis a dévoilé peu de détails sur le projet d'action en justice, mais il a précisé que l'affaire n'était pas liée à des rumeurs selon lesquelles des victimes des attentats du 11-Septembre auraient fait l'objet d'écoutes de la part de journalistes de feu News of the World, le tabloïd britannique fermé par News Corp. en juillet.

L'affaire sur les allégations de piratage des messageries téléphoniques de célébrités, de personnalités politiques, mais aussi de victimes de crimes à News of the World a été marquée par l'arrestation de plusieurs anciens cadres de News Corp. et la démission de hauts responsables du groupe.

Le scandale, qui a aussi ébranlé la police britannique -accusée d'avoir livré des informations au tabloïd en échange de pots-de-vin et dont deux hauts responsables ont démissionné-, a aussi pris une tournure politique, atteignant le 10, Downing Street. Il a en outre conduit Rupert Murdoch à renoncer au rachat du bouquet satellite BSkyB. Entendu par une commission parlementaire, le milliardaire a nié toute responsabilité dans l'affaire.

Selon le Daily Mirror, journal rival du Sun de Murdoch, des victimes des attentats du 11-Septembre pourraient avoir figuré parmi les personnes visées par News of the World. Aucune preuve venant étayer ces allégations n'a été produite à ce jour et News Corp. les a qualifiées de «spéculations anonymes».

Aux États-Unis, le groupe de Rupert Murdoch possède notamment la chaîne Fox News, le New York Post et le Wall Street Journal

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