Le président palestinien Mahmoud Abbas s'est déclaré mardi prêt à poursuivre les négociations de paix avec Israël si elles portaient prioritairement sur le tracé des frontières, assorti d'un gel de la colonisation.

«Depuis la création d'Israël, personne n'en connaît les frontières. Nous sommes déterminés à connaître nos frontières et les leurs, sans quoi il n'y aura pas de paix», a déclaré M. Abbas lors d'un discours à Ramallah, en Cisjordanie, au dernier jour des neuf mois impartis aux pourparlers.

«Si nous voulons prolonger les négociations, il doit y avoir une libération des prisonniers, et nous irons aux négociations sur la base d'un arrêt de la colonisation, et la discussion des cartes et des frontières pendant trois mois, au cours desquels l'ensemble de la colonisation sera arrêté», a expliqué M. Abbas lors d'une réunion consacrée à l'établissement d'un fonds pour Jérusalem.

Un haut responsable israélien a réagi en exigeant de nouveau que le président palestinien renonce à la réconciliation avec le Hamas, au pouvoir à Gaza, qui ne reconnaît pas Israël.

«À partir du moment où Mahmoud Abbas renoncera à l'alliance avec le Hamas, une organisation meurtrière qui appelle à la destruction de l'État d'Israël, Israël sera prêt à revenir immédiatement à la table des négociations et à discuter de tous les sujets qui opposent Israéliens et Palestiniens», a déclaré à l'AFP ce responsable sous le couvert de l'anonymat.

Les pourparlers de paix ont été suspendus le 24 avril par le gouvernement du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou au lendemain d'un nouvel accord de réconciliation entre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de M. Abbas et le Hamas.

Cet accord conclu le 23 avril à Gaza, reprenant les termes de précédents accords de réconciliation signés depuis trois ans, prévoit la formation d'un gouvernement transitoire de consensus composé de personnalités indépendantes, sans mandat politique, selon les signataires.

M. Nétanyahou a exigé pour reprendre les négociations que le Hamas reconnaisse Israël, ou que M. Abbas renonce à la réconciliation nationale avec le mouvement islamiste.

Les négociations, relancées en juillet par le secrétaire d'État américain John Kerry, traversent depuis un mois leur plus grave crise à la suite de la décision d'Israël de ne pas libérer le 29 mars comme prévu un dernier contingent de prisonniers, exigeant désormais pour ce faire une garantie de prolongation des pourparlers au-delà du 29 avril.

Près de 14 000 logements

Israël a approuvé la construction de 13 851 logements dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-Est durant les neuf de mois de négociations avec les Palestiniens, a indiqué la Paix Maintenant.

Selon cette ONG, opposée à la colonisation, ces chiffres, qui portent sur une moyenne de 50 logements approuvés par jour, sont sans «précédent» par leur ampleur.

La Paix Maintenant précise dans un communiqué que durant les neuf derniers mois, les autorités israéliennes ont promu des projets de construction portant sur 8983 logements, dont 6661 dans les colonies de Cisjordanie et le reste dans les quartiers de colonisation de Jérusalem-Est annexée.

Par ailleurs, 4868 appels d'offres pour la construction d'habitations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ont été lancés durant cette même période.

«Ces chiffres montrent mieux que tout que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou n'a pas été sérieux durant ces négociations, et a tout fait sur le terrain pour rendre impossible une solution de deux États pour deux peuples», a affirmé à l'AFP Yariv Oppenheimer, le dirigeant de la Paix Maintenant.

Le quotidien Haaretz a par ailleurs indiqué mardi que l'administration militaire israélienne avait dressé une liste de 40 terrains d'une superficie totale de 2800 hectares de terres domaniales en Cisjordanie afin de servir à la construction de logements dans des colonies. Selon le journal, cette mesure est également «sans précédent» par son ampleur.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de l'administration militaire a confirmé que le «statut de 2800 hectares de terrains a été vérifié». «Mais il ne s'agit que d'une mesure administrative destinée uniquement à déterminer quelles sont les terres domaniales et celles qui appartiennent à des propriétaires privés palestiniens». Selon lui, déterminer le statut constitue une «étape indispensable pour envisager des projets de construction, mais ce recensement ne signifie pas forcément que de tels projets sont à l'étude», a-t-il ajouté.

Pour Yariv Oppenheimer, en revanche, les autorités israéliennes «préparent ainsi le terrain à de nouvelles colonies et à l'extension de celles qui existent déjà».

La radio militaire a annoncé mardi que Benyamin Nétanyahou avait ordonné le report d'une réunion prévue mercredi au cours de laquelle devait être approuvée la première étape de construction de milliers de logements dans des colonies.

Selon le commentateur, cette décision a été prise pour des «raisons tactiques». «L'annonce de telles constructions risquait de porter atteinte à la campagne lancée dans le monde par Israël pour dénoncer l'accord de réconciliation entre l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) et les islamistes du Hamas et présenter Mahmoud Abbas (le président palestinien), comme celui qui refuse la paix et noue une alliance avec des terroristes», a ajouté le commentateur en citant des «responsables israéliens». La radio a toutefois souligné que Benyamin Nétanyahou n'avait pas l'intention de geler la colonisation, une des exigences de Mahmoud Abbas pour reprendre les négociations.