Le secrétaire d'État américain John Kerry est en Israël depuis mercredi soir pour la première fois depuis l'accord de Genève sur le nucléaire iranien et à mi-course des négociations de paix directes de neuf mois entre Israéliens et Palestiniens.

Ces deux dossiers domineront les entretiens que M. Kerry aura jeudi avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et avec le président palestinien Mahmoud Abbas, ont indiqué à des journalistes des diplomates américains voyageant dans l'avion du secrétaire d'État.

M. Kerry «informera (Benjamin Nétanyahou) sur les négociations du groupe des 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), sur le premier pas sur lequel nous nous sommes entendus et sur notre marche vers un accord complet» avec l'Iran, selon un responsable du département d'État.

Ce diplomate a reconnu des «désaccords» entre Israël et Washington «sur la tactique» à adopter à l'égard du programme nucléaire iranien.

«Les Israéliens ont appuyé l'idée d'un accord complet alors que nous pensions qu'un accord préliminaire était la seule option viable. Nous négocions maintenant un accord complet et (M. Kerry) espère en discuter avec le Premier ministre Nétanyahou», a avancé ce responsable.

Un autre diplomate a assuré que les pourparlers avec l'Iran «n'avaient pas eu d'impact sur le processus» de paix israélo-palestinien, comme cela avait été évoqué côté israélien.

A propos justement de ces difficiles négociations, M. Kerry «a toujours dit qu'il se rendrait dans la région lorsqu'il aurait le sentiment qu'il peut personnellement contribuer à faire avancer le processus (de paix). C'est l'objectif de ce voyage» a souligné un responsable américain.

John Kerry s'est rendu déjà huit fois au Proche-Orient depuis mars et il est parvenu à relancer fin juillet les négociations directes israélo-palestiniennes.

Toutefois, le président Abbas a prévenu que si ces discussions capotaient, il serait bientôt libre de se tourner vers les instances internationales. «Les négociations traversent de grandes difficultés à cause des obstacles créés par Israël», a déclaré M. Abbas lors d'une rencontre lundi soir avec des journalistes arabes en visite dans les Territoires palestiniens.

«Si nous n'obtenons pas nos droits par les négociations, nous avons le droit de nous tourner vers les institutions internationales et d'adhérer à toutes les conventions internationales», a-t-il souligné, en référence aux prérogatives offertes à la Palestine par son accession au statut d'État observateur à l'ONU le 29 novembre 2012.

«L'engagement de ne pas nous tourner vers l'ONU se termine à la fin des neuf mois de négociations avec Israël», soit fin avril 2014, a insisté le président Abbas.

Par ailleurs, les États-Unis vont présenter à Israël un plan portant sur des arrangements de sécurité en Cisjordanie qui seraient appliqués après la création d'un État palestinien, rapporte le quotidien israélien Haaretz.

Ce plan, élaboré par le général John Allen, ancien chef de la coalition internationale en Afghanistan et conseiller spécial pour le Moyen-Orient, sera présenté jeudi matin au cours de la rencontre entre MM. Nétanyahou et Kerry, selon le journal.

De fait, «le secrétaire d'État et le général Allen présenteront une nouvelle évaluation sur la sécurité d'Israël», a confirmé un diplomate américain, rejetant toutefois le terme de «plan» de sécurité en bonne et due forme, préférant parler d'«idées» sur les besoins de sécurité d'Israël et que le général Allen va soumettre au Premier ministre israélien.

Le haut gradé américain «travaille très étroitement avec ses partenaires israéliens» depuis plusieurs mois, a assuré ce responsable, mais les entretiens de jeudi entre MM. Allen et Nétanyahou seront une première.

M. Nétanyahou veut qu'en cas de création d'un État palestinien démilitarisé des soldats israéliens restent déployés dans la vallée du Jourdain, le long de la frontière avec la Jordanie, et exclut de laisser la responsabilité de la sécurité dans cette zone à une force internationale comme l'accepteraient les Palestiniens.