Donald Trump a frappé mardi l'Iran de sanctions contre son programme de missiles balistiques, s'attirant une riposte immédiate de Téhéran, mais le président américain va en revanche conserver l'accord international de 2015 sur le programme nucléaire de la République islamique.

Le milliardaire républicain, à la Maison-Blanche depuis six mois, avait promis durant sa campagne de «déchirer» cet accord historique en matière de non-prolifération, succès indéniable de son prédécesseur Barack Obama.

Au contraire, M. Trump a décidé lundi soir que ce texte, connu sous son acronyme JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action), signé en grande pompe le 14 juillet 2015 à Vienne par l'Iran et les grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) continuerait de s'appliquer.

En revanche, dans un contexte de durcissement très net des relations déjà difficiles depuis 37 ans entre Washington et Téhéran, le département d'État et le Trésor ont imposé mardi de nouvelles sanctions juridiques et financières ciblées contre 18 personnes et entités iraniennes liées aux missiles balistiques et au corps des Gardiens de la révolution, armée d'élite de la puissance chiite.

«Les États-Unis demeurent profondément préoccupés par les activités pernicieuses de l'Iran au Moyen-Orient qui sapent la stabilité, la sécurité et la prospérité de la région», a protesté la porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert. Elle a dénoncé «le soutien continu de l'Iran à des groupes terroristes tels que le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique palestinien qui menacent Israël et la stabilité au Moyen-Orient».

Le département d'État a fustigé Téhéran pour son «appui déterminé» au président syrien Bachar al-Assad et aux rebelles Houthis au Yémen.

«Monstrueux»

En outre, la diplomatie américaine réclame la «libération immédiate de tous les Américains injustement détenus en Iran», dont le dernier en date, Xiyue Wang, un doctorant condamné ce week-end à dix ans de prison pour «infiltration».

Enfin, Washington, qui n'a plus de relations diplomatiques avec Téhéran depuis 1980, l'a condamné pour son «bilan monstrueux en matière de droits de l'homme».

Du côté du nucléaire, le département d'État a réaffirmé mardi que le secrétaire d'État Rex Tillerson avait «certifié» la veille au soir auprès du Congrès que l'Iran «respectait» les termes du JCPOA, en vigueur depuis le 16 janvier 2016, et que l'administration continuerait donc à lever les sanctions qui y sont directement liées.

Pour autant, «les autres activités néfastes de l'Iran sapent les «contributions positives» à la paix et à la sécurité régionales et internationales censées émerger du JCPOA», a tonné Mme Nauert, dénonçant une violation de «l'esprit» de l'accord.

En avril et en mai, lors de la première «certification» du JCPOA par le gouvernement Trump, les États-Unis avaient lancé un réexamen de l'accord. Cette procédure ne devrait pas aboutir avant la prochaine échéance de «certification» mi-octobre.

Guerre contre l'Iran

M. Trump s'est pour l'instant bien gardé de sortir de cet accord majeur pour la diplomatie mondiale et la non-prolifération. Un compromis négocié pendant trois ans, après des crises qui avaient failli conduire à une guerre dans les années 2000. L'imprévisible milliardaire ne veut pas risquer de se mettre à dos les autres pays signataires.

En outre, l'autorité onusienne de surveillance du JCPOA, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), avait félicité en juin l'Iran pour le respect de ses engagements (démantèlement des deux tiers de ses centrifugeuses, renoncement à 98% de son stock sensible d'uranium et bétonnage du coeur de son réacteur à eau lourde).

Mais, stratégiquement, le président Trump a pris le contre-pied de M. Obama: il a resserré les rangs avec l'Arabie saoudite sunnite et Israël et appelé à «isoler» le rival iranien chiite.

Ce qui a fait dire à Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne de passage à l'ONU à New York, que les États-Unis envoyaient des «signaux contradictoires» sur leur respect du JCPOA à long terme.

Interrogé par la télévision du Qatar Al-Jazeera, M. Zarif a même accusé l'administration Trump d'avoir pris «des sanctions illégales dans le but d'empoisonner le climat international».

À Téhéran, la diplomatie iranienne a promis en représailles qu'elle allait «sanctionner de nouveaux individus et entités américains ayant agi contre le peuple iranien et d'autres peuples musulmans de la région».

Et le Parlement iranien a ouvert une procédure pour voter une loi de renforcement du programme balistique et de la force Qods des Gardiens de la révolution, pour lutter les actions «terroristes» et «l'aventurisme» de Washington.

AFP

Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a discuté du dossier nucléaire de passage lundi à l'ONU.