Le secrétaire d'État américain John Kerry a entamé dimanche soir à Genève de nouveaux entretiens avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, après avoir souligné la veille le «chemin à parcourir» avant un accord sur le dossier du nucléaire iranien.

«Il y a encore des lacunes importantes, il y a encore du chemin à parcourir», avait estimé le chef de la diplomatie américaine devant la presse à Londres après avoir rencontré son homologue britannique Philip Hammond. La nouvelle date butoir pour arriver à un accord a été fixée au 31 mars.

L'Iran et les grandes puissances connues sous le nom de groupe des 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) tentent de s'entendre sur un accord global autorisant certaines activités nucléaires civiles, mais qui empêcherait Téhéran de se doter de l'arme atomique à travers son programme nucléaire controversé, en échange de la levée des sanctions internationales qui pèsent sur son économie.

Téhéran a toujours nié vouloir se doter de l'arme nucléaire.

John Kerry est arrivé que vers 16 h locales (10 h, heure de l'Est) sur les bords du lac Léman et s'est brièvement entretenu avec les membres de la délégation américaine, avant de retrouver son homologue iranien vers 20 h 30 (14 h 30, heure de l'Est).

Les deux hommes devaient poursuivre leurs discussions lundi.

«La rencontre de ce soir est une nouvelle étape dans un long et difficile processus», a déclaré un haut responsable du Département d'État.

Les diplomates américains et iraniens sont déjà à l'oeuvre depuis vendredi et les directeurs politiques des pays du 5+1 devaient eux aussi se rencontrer dimanche à Genève «pour continuer leurs efforts diplomatiques afin de trouver une solution à long terme et globale à la question nucléaire de l'Iran», selon un communiqué de l'Union européenne.

MM. Kerry et Zarif ont prévu des entretiens pendant deux jours à Genève, poursuivant les échanges qu'ils ont eus ces dernières semaines à de multiples occasions.

Le directeur général chargé du contrôle des armements et du désarmement au ministère des Affaires étrangères chinois, Wang Qun, a reconnu dimanche à Genève que les discussions se heurtaient «à des difficultés». «Nous nous attendons à davantage de difficultés alors que nous approchons de la phase finale», a-t-il dit à des journalistes, ajoutant cependant que la «volonté [des participants] était plus grande que les difficultés» à surmonter.

Discussions «très techniques»

Interrogé samedi à Londres sur la signification de la présence à Genève du secrétaire d'État américain à l'Énergie Ernest Moniz, qui a participé pour la première fois aux négociations, John Kerry a expliqué qu'il avait été appelé pour des raisons «techniques».

Et M. Kerry de préciser: «Je n'en déduirai pas une quelconque indication» sur l'imminence d'un accord.

Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, est, lui, arrivé samedi matin à Genève, en compagnie de M. Zarif et de Hossein Fereydoun, frère et conseiller spécial du président Hassan Rohani, selon les médias iraniens.

MM. Moniz et Salehi participaient aux discussions entre MM. Kerry et Zarif dimanche soir.

Les deux parties s'étaient mises d'accord sur un calendrier en deux étapes pour conclure un accord politique avant le 31 mars, puis finaliser les détails techniques avant le 1er juillet. Mais Téhéran réclame désormais un seul accord comprenant à la fois l'aspect politique et les détails.

Un des points clés sera la quantité d'uranium que l'Iran sera autorisé à enrichir et le nombre et le type de centrifugeuses dont il pourra disposer.

Les négociations ont été compliquées par les tenants de la ligne dure, tant en Iran qu'aux États-Unis, et par les pressions d'Israël, opposé à un tel accord.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a souligné dimanche à Jérusalem qu'il se rendait la semaine prochaine aux États-Unis pour «exposer devant le Congrès américain, qui pourrait avoir une influence sur le sort de cet accord, pourquoi cet accord est dangereux pour Israël, pour la région, et pour le monde entier».

Les républicains contrôlent le Congrès depuis janvier et envisagent de voter prochainement des sanctions préventives contre l'Iran avant même la date-butoir du 30 juin, pour faire pression sur Téhéran.