Un accord sur le nucléaire iranien reste possible malgré les divergences constatées à Vienne, a affirmé dimanche le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif en appelant les Occidentaux à ne pas rater une nouvelle occasion de mettre fin à dix ans de crise.

«De retour de Vienne après des discussions difficiles», a écrit M. Zarif sur son compte Twitter, après la quatrième session de négociations depuis janvier avec le groupe des pays du 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), qui n'a pas permis d'avancées vers un accord final sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.

Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément.

«Un accord est possible, mais les illusions doivent disparaître», a ajouté M. Zarif, alors que les discussions achoppent en particulier sur le nombre et le type de centrifugeuses que l'Iran serait autorisé à utiliser pour son programme d'enrichissement d'uranium.

«L'occasion ne devrait pas être de nouveau manquée comme en 2005», quand un précédent accord sur le nucléaire iranien avait échoué, a mis en garde le ministre des Affaires étrangères, qui chapeaute les discussions face aux grandes puissances représentées par son homologue européenne Catherine Ashton.

Ces négociations visent à limiter le programme nucléaire iranien pour garantir son caractère uniquement civil, en échange de la levée de sanctions qui étouffent l'économie du pays.

En vertu d'un accord de six mois conclu en novembre à Genève et entré en application le 20 janvier, l'Iran a stoppé ses activités nucléaires sensibles en échange d'une levée partielle des sanctions occidentales.

Jusqu'à présent, l'Iran a respecté sa part de l'accord, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) chargée de surveiller son application.

Un dirigeant de l'AIEA, Tero Tapio Varjoranta, est par ailleurs attendu à partir de lundi en Iran pour discuter d'un accord de transparence concernant le programme nucléaire de Téhéran conclu en février.

Les discussions doivent «lever les inquiétudes restantes et certaines ambigüités», selon le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), cité par l'agence Isna.

Rohani «piégé»

Si la session de négociations sur le programme nucléaire de Téhéran a pris fin vendredi sans avancée majeure, les deux camps ont promis de poursuivre le dialogue afin de tenter de parvenir à un accord d'ici le 20 juillet.

«Nous pensons que nous pouvons encore y arriver», a expliqué vendredi à Vienne une diplomate américaine.

S'exprimant dimanche devant des parlementaires iraniens, le vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a pour sa part «souligné que les négociations n'ont pas échoué», a indiqué le député Hojatollah Soori, cité par l'agence Irna.

«À mesure que nous avançons dans les négociations, cela devient plus dur, mais nous espérons conclure un accord d'ici le 20 juillet, sinon cela deviendra plus difficile», a-t-il ajouté. La tenue de réunions informelles avant la nouvelle session de discussions, du 16 au 20 juin, est possible, a-t-il dit.

«Il y a de l'espoir pour l'avenir des discussions, si les autres parties montrent autant de bonne volonté que l'Iran», a estimé Ali Akbar Velayati, proche conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, cité dimanche par le quotidien réformateur Shargh.

Pour l'expert politique Saïd Leylaz, il est normal qu'une crise vieille d'une décennie «ne soit pas complètement résolue en quelques mois».

«Un accord difficile à conclure est plus viable qu'un accord facilement obtenu», a-t-il fait valoir dans le quotidien réformateur Etemad.

L'échec de cette nouvelle session est en revanche saluée par l'aile dure du régime iranien, qui dénonce les compromis acceptés par le gouvernement face aux pressions étrangères.

«Heureusement, les négociations n'ont pas porté leurs fruits», s'est réjoui dimanche le quotidien ultraconservateur Kayhan.

Son éditorialiste a critiqué le contenu de l'accord intérimaire, qui offre «trop de concessions pour trop peu de gains», estimant que le président iranien Hassan Rohani avait été «piégé» par les Occidentaux.