Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a averti dimanche sur une télévision américaine qu'Israël pourrait intervenir militairement avant les États-Unis contre le programme nucléaire iranien, qualifiant le nouveau président Hassan Rohani de «loup déguisé en mouton».

«Nous sommes plus proches (de l'Iran) que les États-Unis. Nous sommes plus vulnérables. Et nous devrons donc aborder cette question de comment arrêter l'Iran, peut-être avant les États-Unis», a averti M. Nétanyahou dans un entretien à la chaîne CBS.

«Il y a un nouveau président en Iran. Il critique son prédécesseur pour avoir été un loup déguisé en loup. Sa stratégie est d'être un loup déguisé en mouton: de sourire tout en fabriquant la bombe», a-t-il estimé.

«Ils se rapprochent de la ligne rouge. Ils ne l'ont pas encore franchie», a une nouvelle fois affirmé le premier ministre, en référence au seuil à partir duquel l'Iran sera selon lui capable de fabriquer sa première arme nucléaire. «Et il faut leur dire sans aucune ambiguïté que cela ne sera pas permis».

Selon le premier ministre, l'Iran dispose d'environ 190 kilogrammes d'uranium enrichi à 20%, sur les 250 kg nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Hassan Rohani, un religieux modéré, a été élu le 14 juin à la tête de l'Iran et prendra la succession de Mahmoud Ahmadinejad lors d'une cérémonie d'investiture le 3 août.

Un responsable israélien a averti, dans le même temps, que l'Iran pourrait essayer de faire une offre aux grandes puissances qui doivent tenir mardi une réunion sur son programme nucléaire controversé.

Téhéran pourrait proposer «un arrêt temporaire» de son enrichissement d'uranium ou même «une conversion possible à un niveau inférieur d'une partie de l'uranium enrichi à 20%», pour obtenir en contrepartie une «levée partielle des sanctions» internationales.

«C'est une concession insignifiante», a déclaré à l'AFP le responsable israélien sous couvert de l'anonymat, estimant que cela constituerait un «autre exemple de la politique délibérée du régime iranien qui cherche à tromper la communauté internationale».

«Israël s'opposera totalement à une telle idée iranienne, et rejettera toutes les propositions qui n'inclueraient pas (...) un arrêt complet de tout enrichissement d'uranium, le retrait d'Iran de tout matériau enrichi, la fermeture du site souterrain illicite de Qom, et l'arrêt total du travail au réacteur de plutonium», a-t-il encore indiqué.

M. Nétanyahou a par ailleurs refusé de confirmer ou d'infirmer des informations de médias américains, selon lesquelles Israël était bien responsable de plusieurs explosions de dépôts de munitions en Syrie, près de la ville portuaire de Latakia, le 5 juillet.

Selon CNN vendredi et le New York Times dimanche, Israël a mené des raids aériens contre ces dépôts pour empêcher que des missiles soient utilisés contre sa flotte.

«Dès qu'il se passe quelque chose au Moyen-Orient, on accuse Israël», a commenté M. Nétanyahou. «Je n'ai pas l'habitude de dire ce qu'on fait ou ne fait pas. Je peux vous dire que ma politique est d'empêcher le transfert d'armes dangereuses au Hezbollah et à d'autres groupes terroristes».

Selon le quotidien américain, qui cite des responsables américains anonymes, le raid aérien visait des missiles de croisière anti-navires Yakhont vendus au régime de Damas par la Russie.