L'Iran a crié victoire mercredi après le premier round de ses discussions nucléaires avec les grandes puissances à Genève, réaffirmant sa détermination à ne rien céder de ses «droits» tout en renouvelant son offre de coopération aux Occidentaux.

Les grandes puissances se sont pliées aux conditions de Téhéran pour la poursuite de discussions sur le dossier nucléaire, a affirmé mercredi Said Jalili, négociateur iranien lors de cette rencontre dont les résultats ont été salués par la presse conservatrice proche du pouvoir.

«Elles ont entamé les discussions avec leur point de vue, mais l'Iran leur a dit que les discussions devraient se poursuivre sur la base de ses conditions. Elles ont donc sérieusement changé leur position», a déclaré M. Jalili.

«Après que l'Iran a insisté et argumenté», les grandes puissances ont notamment «accepté que la prochaine rencontre à Istanbul porte sur la coopération et les points communs» entre les deux parties, et non sur le seul dossier nucléaire iranien comme elles le souhaitaient, a-t-il souligné.

L'Iran et le groupe des 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne) ont repris lundi et mardi à Genève leurs discussions interrompues depuis 14 mois pour tenter de dénouer la crise née du programme nucléaire iranien controversé.

Les grandes puissances souhaitaient limiter les discussions à ce programme, dont la communauté internationale craint, malgré les dénégations iraniennes, qu'il n'ait un objectif militaire et qui a été condamné par six résolutions de l'ONU dont quatre assorties de sanctions.

Téhéran a toujours répondu que ses «droits» nucléaires n'étaient «pas négociables», et que les discussions devaient être élargies à des questions de sécurité régionale, incluant la possession par Israël d'armes nucléaires et l'attitude «hostile» des grandes puissances à son égard.

«L'Iran n'acceptera en aucune circonstance de renoncer à ses droits (de maîtriser le) cycle de production de combustible nucléaire, d'enrichir de l'uranium à 20%, ou de construire des centrales» nucléaires, a réaffirmé mercredi le président Mahmoud Ahmadinejad devant des étudiants d'Arak (centre).

«Il serait mieux que l'Occident coopère avec l'Iran dans le domaine nucléaire» plutôt que de poursuivre sa politique de confrontation, a-t-il ajouté en réclamant à nouveau une «levée des sanctions» internationales contre Téhéran.

«L'Iran est prêt à produire du combustible nucléaire (...) avec les 5+1», et à construire avec les Occidentaux la vingtaine de centrales dont il estime avoir besoin, a-t-il réaffirmé.

L'Iran ne dispose pour l'instant que d'une centrale nucléaire, construite par la Russie à Bouchehr (sud) et qui doit entrer en service début 2011.

La production du combustible nécessaire à l'actuel réacteur de recherche nucléaire de Téhéran et aux futures centrales iraniennes est au coeur du conflit avec le grandes puissances, l'Iran en tirant argument pour justifier son programme controversé d'enrichissement d'uranium.

«Les 5+1 doivent parvenir à un accord avec l'Iran», analysait mercredi le quotidien Vatan Emrouz, proche du gouvernement. «Ils savent que s'il y a un autre fossé de plusieurs mois (sans négociations) ils n'auront aucun moyen de parvenir à un tel accord, car l'Iran (...) sera autosuffisant» pour la production de combustible nucléaire.

C'est pourquoi la fermeté iranienne à Genève «a entraîné la victoire de la République islamique et l'échec des 5+1», a estimé de son côté un responsable de la commission de sécurité nationale du parlement, Hossein Sobhani-Nia, dans le quotidien ultra-conservateur Kayhan International

.