Les Sud-Africains pourront dire mercredi un dernier adieu, personnel, à Nelson Mandela, en s'inclinant devant sa dépouille exposée à Pretoria, avant son inhumation dimanche, dans sa lointaine province natale du Cap oriental.

Après la grande cérémonie officielle d'hommage organisée mardi à Soweto, en présence d'une centaine de chefs d'État et de gouvernement, famille et dignitaires d'abord, puis jusqu'à vendredi tout Sud-Africain, pourront à leur tour s'incliner. C'est le recueillement, et sans doute bien des larmes, qui domineront les trois prochains jours de ces longs adieux au héros de la lutte anti-apartheid.

Le cercueil de Mandela, décédé jeudi soir à Johannesburg à l'âge de 95 ans, sera transporté mercredi en procession à travers la capitale de 07h00 à 08h00 locales, de l'hôpital militaire où il se trouve actuellement vers Union Buildings, le siège de la présidence.

Là, tout sera préparé pour que les personnalités d'abord --notamment la famille et les dirigeants politiques encore présents en Afrique du Sud--, puis les anonymes, puissent dire un dernier adieu à Nelson Mandela.

Les privilégiés sont attendus de 10h00 à 12h00, et les autres --qui devront prendre des bus depuis la périphérie de Pretoria-- de 12h00 à 17h30. Le corps sera encore exposé jeudi et vendredi de 08h00 à 17h30.

Les autorités sud-africaines n'ont pas précisé si le corps de M. Mandela sera visible, ou si le cercueil sera fermé. Mais comme au mausolée de Lénine à Moscou, les gens devront circuler rapidement, et ne pourront pas prendre de photo.

Hommage au Cap avec Johnny Clegg

Au Cap, la mairie a prévu son propre hommage mercredi après-midi dans le stade de la ville, avec des concerts de Johnny Clegg, des Ladysmith Black Mambazo, et des interventions de l'ancien capitaine de l'équipe sud-africaine de rugby Francois Pienaar --vainqueur de la Coupe du monde de 1995 sous les encouragements de Mandela-- et la chef de l'opposition, Helen Zille.

La grande cérémonie à Soweto n'a pas rencontré l'immense succès populaire que beaucoup lui prédisaient.

Sans doute parce qu'il a plu des cordes toute la journée, et peut-être aussi parce que les médias avaient annoncé d'homériques difficultés pour s'y rendre. Le stade Soccer City n'a été qu'aux trois quarts plein au mieux, alors que les autorités avaient prévu trois autres enceintes pour diriger le trop plein de spectateurs.

C'est le président américain Barack Obama qui a volé la vedette au cours de cette cérémonie assez convenue et ponctuée de nombreux discours. Répétant son admiration pour Nelson Mandela «qui a montré le pouvoir de l'action», M. Obama n'a pas hésité à dénoncer une certaine hypocrisie dans les louanges qui s'élèvent du monde entier depuis l'annonce de sa mort, jeudi dernier.

«Il y a trop de dirigeants qui se disent solidaires du combat de Mandela pour la liberté, mais ne tolèrent pas l'opposition de leur propre peuple», a-t-il tonné.

Parmi les dirigeants étrangers présents à Soweto se trouvaient des représentants du régime chinois et le président zimbabwéen Robert Mugabe, dont les pays sont régulièrement dénoncés par les défenseurs des droits de l'homme, ou encore le Cubain Raul Castro, avec qui il a échangé une poignée de mains remarquée.

Après quatre heures de louanges à Mandela, l'ancien archevêque anglican Desmond Tutu a réussi à détendre l'atmosphère dans une intervention imprévue mêlant pitreries et prières.

«Dieu, je te demande de bénir notre pays. Tu nous as donné un trésor merveilleux, avec cette icône de la réconciliation», a notamment dit en afrikaans le prélat qui, comme Nelson Mandela, a obtenu le prix Nobel de la paix pour son combat contre le régime ségrégationniste de l'apartheid.

«Nous promettons à Dieu que nous suivrons l'exemple de Nelson Mandela», a enfin lancé Desmond Tutu, ce à quoi la foule a répondu «Oui!»

Samedi, la dépouille du héros national sera transférée à plus de 900 kilomètres, vers le petit village de Qunu (sud), terre des ancêtres xhosas de Mandela. C'est là qu'il sera inhumé dimanche aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants, lors d'une cérémonie traditionnelle, mêlant culte chrétien et rite xhosa.