Un ex-agent des services de renseignement pakistanais a aidé les États-Unis à traquer Oussama ben Laden, ont affirmé mardi à l'AFP deux anciens responsables pakistanais, en écartant la thèse d'une coopération officielle entre les deux pays dans cette affaire.

Ces déclarations interviennent juste après la publication aux États-Unis d'un article écrit par un célèbre journaliste, Seymour Hersh, qui fait polémique, car affirmant que les États-Unis ont menti sur les conditions dans lesquelles le chef d'Al-Qaïda a été tué en 2011 dans le nord du Pakistan.

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Dans son article, publié par la London Review of Books, M. Hersh affirme notamment que Washington avait prévenu le Pakistan du raid éclair des forces spéciales américaines fatal à ben Laden. Lundi, la Maison-Blanche a catégoriquement réfuté cette thèse en répétant qu'Islamabad n'en avait été informé qu'après coup.

Mardi, une source militaire pakistanaise, occupant un poste à haute responsabilité dans l'armée à l'époque des faits, a déclaré à l'AFP qu'un transfuge des services de renseignements pakistanais «très informé et énergique» avait eu un rôle crucial dans la traque de ben Laden qui a permis son élimination.

Cette information recoupe partiellement des informations livrées par M. Hersh, qui cite une source américaine indiquant qu'un ex-membre des services de renseignement pakistanais avait de lui même approché la CIA en 2010 en lui promettant de la mener à ben Laden.

Mais selon l'ancien responsable militaire pakistanais interrogé par l'AFP, si un transfuge pakistanais a bien aidé la CIA à vérifier des informations sur le terrain, il ignorait que ben Laden était la cible de cette recherche.

Un autre ancien responsable pakistanais, Hamid Gul, ex-chef du principal service de renseignement du pays, l'ISI, a confirmé à l'AFP l'existence de ce transfuge. «La récompense était trop importante, il est devenu une taupe des Américains qui les a aidés à planifier leur opération», a-t-il indiqué.

Dans son article, Seymour Hersh va bien plus loin et affirme que les Américains avaient appris que ben Laden était clandestinement prisonnier des autorités pakistanaises, qui comptaient s'en servir pour empêcher Al-Qaïda de continuer à commettre de sanglants attentats au Pakistan.

Selon M. Hersh, Washington a ensuite convaincu Islamabad de monter un faux raid clandestin pour tuer ben Laden, pour doper la popularité du président Barack Obama et permettra aux Pakistanais de dire qu'ils n'avaient rien à voir avec cet assassinat.

Les deux anciens responsables interrogés mardi par l'AFP ont nié tout arrangement de la sorte.