Le groupe américain de services pétrolier Halliburton et la pétrolière BP savaient que le ciment utilisé sur le puits de pétrole à l'origine de la marée noire du golfe du Mexique était un matériau à risque, a révélé jeudi une commission spéciale d'enquête.

«Halliburton et BP possédaient tous deux des résultats en mars indiquant que le type de produit injecté dans le puits serait instable, mais aucun n'a agi en fonction de ces données», écrit Fred Bartlit, le principal enquêteur, dans une lettre aux membres de la commission.

«Halliburton (et peut-être BP) aurait dû envisager de façonner de nouveau le produit avant de l'injecter dans le puits Macondo», poursuit M. Bartlit.

Le coffrage en ciment du puits réalisé par Halliburton avait été désigné rapidement comme l'une des causes possibles de l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril qui a provoqué la mort de 11 travailleurs et engendré la pire marée noire de l'histoire des États-Unis.

Trois tests sur le matériau fourni par Halliburton pour sceller le puits et empêcher toute fuite d'hydrocarbure et potentiellement une explosion ont montré qu'il se révélait instable, selon la lettre déposée à la commission d'enquête sur le désastre mise en place par la Maison-Blanche.

Deux de ces tests ont été conduits en février et un autre en avril, soit avant l'accident.

Un quatrième test, réalisé en avril, semblait indiquer une meilleure stabilité du produit, mais les résultats de ce test n'étaient pas disponibles avant l'explosion.

Selon la commission, Halliburton a pourtant continué à déverser du ciment pour la consolidation du puits «sans un résultat de laboratoire indiquant» que le ciment était stable.

L'action d'Halliburton a plongé jeudi de plus de 15% à Wall Street à la suite de l'annonce de la commission, avant de se stabiliser de nouveau autour de 10% de perte.

Le représentant démocrate Ed Markey, président de la commission de l'Énergie et l'Environnement du Congrès, a estimé jeudi dans un communiqué que les conclusions de la commission renforçaient «la responsabilité de Halliburton et de BP dans le désastre».

«C'est comme si on construisait une voiture tout en sachant que les freins ne fonctionneraient pas», a-t-il indiqué dans son communiqué.

M. Markey a fustigé le refus du nouveau patron de BP, Bob Dudley, de venir témoigner devant le Congrès américain.