Du pétrole a commencé à s'échapper hier du couvercle que BP a posé sur le puits au fond du golfe du Mexique, laissant planer des doutes sur la viabilité du dispositif installé la semaine dernière.

Le responsable des opérations, l'amiral Thad Allen, a tenu à minimiser l'importance de la fuite. «Les anomalies détectées ne sont pas préoccupantes à l'heure actuelle. Aucun problème important n'a été trouvé sur le plan de l'intégrité du puits», a-t-il dit en point de presse hier.

Plusieurs anomalies ont aussi été observées dans un rayon de quelques centaines de mètres du puits, où une fuite laissant s'échapper du pétrole et du méthane a soulevé les craintes du gouvernement fédéral.

Or, la fuite observée à trois kilomètres du puits «n'est pas liée» au puits qu'exploite BP, a précisé M. Allen, ajoutant que ce phénomène naturel était observable ailleurs dans le Golfe.

Hier, le gouvernement américain a autorisé BP à maintenir fermé pendant encore 24 heures le puits, lui demandant de surveiller la situation de près.

En soirée, la jauge qui mesure la pression du puits continuait d'afficher une hausse de 2 psi à l'heure, pour un total de 6811 psi. Cette donnée est perçue comme un signe encourageant: la hausse de la pression signifie qu'aucune fuite importante ne permet au pétrole de s'échapper ailleurs.

M. Allen avait envoyé, dimanche, une lettre au ton très direct à BP, intimant la société d'expliquer la présence de pétrole et de méthane à quelques kilomètres du puits. De nouvelles inquiétudes sont apparues en fin de semaine, quand des fuites ont été observées au fond du Golfe.

Hier, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a dit que BP avait répondu aux questions.

«Nous avions des inquiétudes au sujet de l'engagement de BP sur l'examen du fond du Golfe. Ce dossier s'est réglé dimanche soir, au cours d'une conversation téléphonique qui s'est terminée tard en soirée», a dit M. Gibbs.

«L'équipe de scientifiques fédéraux a reçu les réponses aux questions qu'elle se posait et l'engagement de BP à respecter ses obligations en matière de surveillance», a-t-il ajouté.

BP semble déterminée à vouloir garder les valves fermées, et empêcher que des millions de litres de pétrole ne se mettent de nouveau à couler dans le Golfe, une scène retransmise en direct sur l'internet par des caméras sous-marines.

Les scientifiques du gouvernement fédéral, quant à eux, veulent avoir la certitude que les méthodes qu'emploie BP n'ont pas d'impact sur l'intégrité du puits, et ne provoquent pas des fuites secondaires non surveillées.

Nouveau «top kill»

L'amiral Allen a signalé hier que le gouvernement et les ingénieurs de BP envisageaient une autre méthode pour boucher le puits en permanence. Il s'agit de la méthode «top kill», qui consiste à injecter de la boue et du ciment dans le puits pour le boucher de façon définitive.

La mise en place d'un entonnoir qui bloque le déversement du pétrole prépare le terrain à cette solution. La méthode a été essayée en mai, mais la pression du pétrole qui s'échappait librement était trop importante.

Quoi qu'il en soit, M. Allen rappelle que le problème du puits n'est pas encore réglé, comme pourraient le laisser croire les récents succès des ingénieurs de BP.

«Il serait prématuré de dire que le puits est finalement bloqué», a-t-il dit.

Les experts estiment que la véritable solution se trouve dans la construction de canalisations secondaires, en train d'être creusées parallèlement aux efforts de contention. BP travaille sur deux puits de dérivation qui doivent être terminés entre la fin du mois de juillet et la mi-août.

Avec l'Agence France-Presse

LE COÛT DE LA MARÉE NOIRE FRÔLE LES 4 MILLIARDS US

Le géant pétrolier britannique BP a annoncé hier que la marée noire du golfe du Mexique lui avait coûté 3,95 milliards US jusqu'ici en frais divers, y compris les dédommagements déjà versés. Cette somme inclut l'ensemble des dépenses faites par le groupe pour contenir et nettoyer le pétrole, le forage de puits de secours, les sommes versées aux États riverains et aux autorités fédérales, a détaillé BP dans un communiqué. Le groupe a ajouté que ce bilan provisoire incluait plus de 67 500 demandes de dédommagement déjà remboursées, à hauteur de 207 millions US. BP a rappelé qu'il avait accepté de créer un fonds de 20 milliards US qui sera consacré à l'indemnisation des victimes de la marée noire. Mais il a répété qu'il était trop tôt pour chiffrer le total de la facture, qui risque d'être bien plus élevé.

Agence France-Presse