Le pompage du pétrole qui s'échappe au fond du golfe du Mexique s'accélère, a annoncé mardi le groupe pétrolier BP, qui a assuré que l'impact de la marée noire sur l'environnement serait «très modeste», alors même qu'une barrière de corail est menacée.

Le groupe britannique a estimé mardi que 2.000 barils de brut étaient dorénavant pompés chaque jour grace au système de tuyau sous-marin qui lui permet depuis ce week-end de récupérer une partie du flux qui s'écoule au fond de la mer.

La veille, BP avait indiqué que ce système mis en place à 1.500 mètres de profondeur pour amener le pétrole vers un navire en surface, permettait de récupérer 1.000 barils par jour, sur les 5.000 qui s'écouleraient actuellement.

De son côté, le secrétaire américain aux Affaires intérieures Ken Salazar a annoncé aux sénateurs qu'une tentative de colmatage de la fuite, avec l'injection de matériaux et de produits liquides, pourrait être tentée samedi ou dimanche et qu'il «comptait dessus».

Une telle opération, surnommée «injection de cochonneries», consiste à projeter sur la fuite, et à très haute pression, des débris comme des morceaux de pneus ou des balles de golf.

Les chiffres de la marée noire montrent déjà l'étendue du désastre: 750 bateaux tentent de récupérer et de disperser le pétrole qui flotte, 19.000 personnes travaillent sur la nappe et 15.600 demandes d'indemnisation ont déjà été enregistrées par BP.

La marée noire a pour l'instant coûté 625 millions de dollars à BP qui a réglé 2.700 dossiers de dédommagements et versé aux États menacés de Floride, Alabama, Louisiane et Mississippi un total de 70 millions de dollars.

«Je pense que l'impact sur l'environnement sera très, très modeste» a néanmoins indiqué à la télévision britannique Tony Hayward, le directeur général du groupe qui avait déjà assuré vendredi que cette fuite était «minuscule» en proportion de l'immensité de l'océan.

Ces paroles contrastent avec les images qui tournent en boucle sur les chaînes de télévision américaine. Celles, aériennes, qui montrent les nappes de brut oranges qui oscillent à la surface. Celles, sous-marines, d'un flux constant et vigoureux de pétrole continuant à sourdre au fond de la mer.

Elles contrastent surtout avec les avis des scientifiques qui craignent que la nappe n'endommage rapidement une précieuse barrière de corail à l'extrémité sud de la Floride.

Ainsi, selon la directrice de l'Agence maritime américaine NOAA, Jane Lubchenco, des images satellites montrent que le pétrole se trouve à quelques dizaines de kilomètres d'un courant baptisé «loop current» qui pourrait rapidement précipiter le brut sur la troisième barrière de corail du monde.

«Quand le pétrole va être aspiré par le courant, si ce n'est pas déjà fait, cela ne prendra que dix jours pour qu'il arrive en Floride», a-t-elle dit à la presse.

La Maison-Blanche a affirmé mardi que la commission d'enquête indépendante sur la marée noire voulue par Barack Obama serait créée par le président dans les «prochains jours» et «peut-être» dès cette semaine.

Le brut a déjà fait une victime politique à Washington: Chris Oynes, responsable de l'exploitation pétrolière en mer au sein de l'administration américaine a annoncé sa retraite alors que ses services ont été lourdement critiqué pour leur laxisme.