La démocrate Hillary Clinton se trouvait en difficulté lundi après la révélation de sa pneumonie, qui donne à son rival républicain une nouvelle occasion de mettre en doute sa capacité à occuper la Maison-Blanche, Donald Trump promettant de publier rapidement un bulletin de santé.

À bientôt 69 ans et à moins de deux mois de l'élection présidentielle américaine du 8 novembre, la candidate en tête des sondages est sommée de s'expliquer, notamment sur le fait que son équipe ait attendu des heures avant de révéler qu'elle était malade, après son malaise lors d'une cérémonie de commémoration du 11-Septembre.

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« Une pneumonie, ça se traite avec des antibiotiques. Comment guérit-on d'un penchant malsain pour le secret qui crée des problèmes inutiles à répétition ? » s'est demandé sur Twitter David Axelrod, ancien bras droit de Barack Obama.

«Nous aurions pu mieux faire hier, mais il est avéré que le grand public en sait plus sur HRC (Hillary Rodham Clinton) que sur n'importe quel autre candidat de l'histoire», lui a répondu Jennifer Palmieri, communicante de l'équipe Clinton.

Pas d'autre problème médical

Le porte-parole d'Hillary Clinton a assuré lundi que la candidate démocrate à la Maison-Blanche ne souffrait pas d'autre problème médical que la pneumonie annoncée dimanche.

« Je peux attester qu'il n'y a pas d'autre problème médical non divulgué », a déclaré Brian Fallon sur la chaîne MSNBC, en annonçant que de nouveaux documents médicaux seraient rendus publics dans les prochains jours.

« Je pense que d'ici le milieu ou la fin de la semaine elle sera de retour en campagne », a affirmé Brian Fallon.

Le porte-parole a affirmé qu'Hillary Clinton n'avait pas perdu connaissance lors du malaise. Il a aussi fait amende honorable pour le manque de communication autour de l'incident médical, durant la journée de dimanche. Il fallut plusieurs heures à l'équipe Clinton pour diffuser un communiqué révélant que l'ancienne chef de la diplomatie souffrait d'une pneumonie, diagnostiquée vendredi et gardée secrète jusqu'à dimanche en fin de journée.

« Avec le recul, nous aurions pu mieux gérer la situation et donner plus d'informations plus rapidement », a-t-il dit.

Les conséquences de sa maladie sur la suite de sa campagne sont encore difficiles à évaluer. Cela n'empêche pas médias et experts de spéculer sur la façon dont les démocrates pourraient changer de candidat si d'aventure Hillary Clinton devait abandonner.

Un proche d'Hillary Clinton a confirmé à l'AFP que plusieurs collaborateurs du QG de campagne de Brooklyn sont également tombés malades ces dernières semaines, dont le directeur de campagne Robby Mook. Mais on ignorait s'il s'agissait de la même infection.

Réfugiée à son domicile de Chappaqua près de New York, Hillary Clinton a annulé un déplacement lundi et mardi en Californie ; elle participera brièvement par téléphone à un événement de collecte de fonds.

Mais elle « continue à se sentir mieux », a assuré un porte-parole lundi.

Après avoir gardé le silence sur cet incident dimanche, le milliardaire républicain a sobrement affirmé lundi qu'il espérait voir Hillary Clinton dans deux semaines lors de leur premier débat.

« J'espère qu'elle se remettra vite », a assuré l'homme d'affaires sur Fox News, tout en lâchant: « Je ne sais pas ce qui se passe ».

Donald Trump a annoncé qu'il publierait rapidement son bulletin médical.

Malaise politique

Dimanche matin, l'ancienne première dame avait quitté précipitamment la cérémonie de New York pour cause de déshydratation et de coup de chaud, selon son médecin.

Un témoin l'a filmée, de dos, perdant l'équilibre, ses jambes semblant se dérober sous elle, et incapable de monter à bord de son véhicule sans l'aide de deux gardes du corps. Quelques heures après, elle est apparue tout sourire, assurant qu'elle se sentait bien.

Son équipe a ensuite publié un communiqué du médecin personnel d'Hillary Clinton, Lisa Bardack, déclarant qu'elle était réhydratée, mais que la candidate était traitée par antibiotiques pour une pneumonie. La date de ce diagnostic: vendredi, soit deux jours auparavant.

Les défenseurs d'Hillary Clinton soulignent que le jour de son diagnostic elle a participé à deux réceptions de levée de fonds, une réunion sur la sécurité nationale et une conférence de presse, et qu'elle a accordé une interview. Samedi, elle a participé à une réception de collecte de fonds.

Preuve, selon eux, que la sexagénaire est une force de la nature.

«Continuer malgré la maladie, c'est ce que font les femmes, stoïquement, tous les jours», a défendu sur Twitter Jennifer Grandholm, ancienne gouverneure du Michigan et soutien de Hillary Clinton.

Certains rappelaient que le président George H. W. Bush s'était effondré en vomissant sur le premier ministre japonais en 1992, terrassé par une gastroentérite, et qu'en 2002, son fils George W. Bush avait brièvement perdu connaissance après s'être étranglé avec un bretzel.

Mais au-delà des précédents, le retard de communication sur la pneumonie illustre surtout un besoin d'information sur le sujet. «Les Américains ont besoin de beaucoup plus d'informations médicales de ces deux candidats», écrivait vendredi dans le Washington Post David Scheiner, médecin signataire du bulletin de santé de Barack Obama en 2008. «A ces âges-là, il peut commencer à leur arriver des choses».

Donald Trump, qui à 70 ans serait le président américain le plus vieux jamais élu, accuse sa rivale de manquer d'énergie. Certains républicains insinuent qu'elle est malade. Des rumeurs lancées par les quintes de toux fréquentes de la candidate, mises sur le compte d'allergies.

Hillary Clinton a seulement publié une lettre de son docteur en juillet 2015. Y sont décrits ses médicaments, dont des anticoagulants et des antihistaminiques contre les allergies saisonnières. Elle souffre aussi d'hypothyroïdie.

L'ancienne chef de la diplomatie a été victime de thromboses en 1998 et 2009 ainsi que d'une commotion cérébrale qui avait généré un caillot à la tête en 2012. Elle a vu double pendant deux mois et Bill Clinton a dit à l'époque qu'il lui fallut six mois pour s'en remettre.

Côté Trump, le médecin Harold Bornstein a publié en décembre 2015 une courte lettre écrite de son propre aveu dans la précipitation, et à la formulation vague sur « l'excellente » santé du candidat.

Ce dernier a préféré exploiter lundi un dérapage de la candidate lors d'un discours plutôt que cet épisode médical.

Vendredi, Hillary Clinton a qualifié la moitié des électeurs du républicain de « pitoyables », « racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes ». Donald Trump en a fait une publicité télévisée lundi.

REUTERS

Pneumonie: cinq choses à savoir

Qu'est-ce qu'une pneumonie?

La pneumonie est une affection respiratoire causée par des bactéries, des virus et plus rarement par des champignons qui attaquent les poumons.

L'infection frappe les alvéoles pulmonaires, des petits sacs en forme de ballons situés à l'extrémité des bronchioles.

L'organisme réagit en déclenchant une réaction d'inflammation. Les alvéoles se remplissent de pus et de liquide inflammatoire, limitant l'apport d'oxygène et rendant difficile la respiration du patient.

Les principaux symptômes sont la fièvre qui peut être importante, la toux d'abord sèche qui devient grasse, la fatigue, un essoufflement. La respiration peut aussi être sifflante.

Le diagnostic est généralement posé sur la base d'un examen clinique, d'une radiographie des poumons, d'une analyse des crachats, pour vérifier que le patient ne souffre pas d'une bronchite ou d'une autre affection respiratoire.

Les pneumonies causées par des champignons sont relativement rares et touchent des patients dont le système immunitaire est affaibli, par exemple ceux atteints du SIDA qui sont infectés soit par des spores apportées par le vent soit par des champignons déjà présents dans leur corps.

Qui est à risque?

La pneumonie peut atteindre des patients de tous âges. C'est une maladie qui peut être particulièrement sérieuse et même potentiellement mortelle pour les personnes très âgées ou très jeunes.

Les fumeurs, les personnes déjà atteintes d'une autre pathologie, comme l'asthme, le diabète, les maladies cardiovasculaires, sont particulièrement vulnérables, selon le CDC américain (Centre pour le contrôle et la prévention des maladies).

La maladie se répand à partir de gouttelettes dans l'air, venant de personnes qui toussent ou éternuent.

Se laver les mains est un moyen efficace pour réduire les risques d'attraper une pneumonie, selon les médecins.

Est-ce dangereux?

Quand une personne adulte de moins de 65 ans sans autre problème de santé attrape une pneumonie, elle arrive habituellement à combattre l'infection.

Mais les personnes dont le système immunitaire est moins performant - les très jeunes ou très vieux ou ceux qui ont une pathologie préexistante - peuvent avoir des difficultés à lutter contre la maladie et développent parfois des complications.

Quand l'infection s'installe, cela peut provoquer une baisse de l'oxygénation du corps.

Dans les cas extrêmes, cela peut conduire à une défaillance d'organes et provoquer la mort.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que la pneumonie est la première cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans dans le monde. Elle est responsable de 15% des décès dans cette tranche d'âge chaque année.

Quel traitement ?

Tout dépend du type de pneumonie. En tout état de cause, les médecins recommandent aux patients de prendre du repos et de boire beaucoup.

Le traitement habituel inclut des antibiotiques en cas de pneumonie d'origine bactérienne.

La pneumonie d'origine virale est dans certains cas traitée avec des antiviraux.

Des corticoïdes peuvent également être prescrits.

L'hospitalisation est recommandée dans les cas les plus sérieux.

Combien de temps faut-il pour s'en remettre?

Cela dépend de la sévérité des symptômes. La plupart du temps, les patients se sentent mieux après un traitement médicamenteux et une semaine de repos.