L'homme d'affaires Donald Trump a subi jeudi les attaques répétées de ses adversaires des primaires républicaines lors d'un nouveau débat télévisé, ainsi que de personnalités du parti désormais en guerre ouverte avec le favori de l'investiture.

Mais ses trois rivaux, Marco Rubio, Ted Cruz et John Kasich, se sont engagés à le soutenir si jamais il remportait in fine l'investiture à la convention de Cleveland en juillet, affaiblissant de façon significative la campagne des «tout sauf Trump» que certains conservateurs tentent d'organiser.

Donald Trump s'est également engagé, en toute fin de débat, à ne pas se présenter en candidat indépendant à la présidentielle de novembre s'il perdait les primaires - alors qu'il avait recommencé à en agiter la menace.

De 17 candidats au départ, il n'en restait que quatre à Detroit jeudi pour ce onzième débat, diffusé sur la chaîne Fox News, et dont le ton a été donné d'entrée de jeu par une allusion obscène du milliardaire. Marco Rubio s'étant moqué de la petitesse supposée de ses mains, Donald Trump a tenu à rassurer l'auditoire sur le reste, déclarant à la consternation générale: «je vous garantis qu'il n'y a aucun problème».

Donald Trump a été attaqué sur sa carrière d'homme d'affaires, le sénateur de Floride Marco Rubio s'attelant à saper sa réputation en insistant sur les faillites de certains de ses casinos, les entreprises ratées de l'empire Trump, ou le procès civil d'ex-étudiants de l'ex - « Université Trump », qui vendait des cours sur l'immobilier et l'entrepreneuriat.

« Vous n'avez jamais employé une personne de votre vie. J'ai employé des dizaines de milliers de personnes », a répondu Donald Trump, sur la défensive alors que des publicités négatives commencent à l'attaquer dans le grand État de Floride, qui votera le 15 mars. « C'est un procès civil mineur », a-t-il éludé.

« Vous vous souvenez de la vodka Trump, ou des steaks Trump? » a répliqué Marco Rubio, que Donald Trump appelle « petit Marco ».

Modérateurs et rivaux ont souligné durant l'émission des contradictions et revirements du favori, qui peine à persuader l'ensemble des conservateurs qu'il est bien l'un des leurs.

Ted Cruz, sénateur ultraconservateur du Texas, a rappelé que Donald Trump avait envoyé dix chèques à diverses campagnes de la démocrate Hillary Clinton dans le passé. « C'était pour les affaires », a justifié Donald Trump.

Immigration clandestine

Plus grave, aux yeux des républicains, un doute est venu s'installer sur sa position exacte sur l'immigration clandestine. Donald Trump aurait dit au New York Times, lors d'une rencontre « off », qu'il serait flexible sur le sort des clandestins, qu'il a publiquement promis d'expulser. Pressé de toutes parts, il a refusé à plusieurs reprises d'autoriser le quotidien à diffuser l'enregistrement.

« J'ai un noyau très solide », a assuré Donald Trump face aux attaques, « mais je n'ai jamais vu quelqu'un réussir sans un degré de flexibilité ».

« Crier et insulter les gens ne fait pas de vous un dur à cuire », a lâché Ted Cruz, en appelant les républicains à se rassembler derrière sa candidature.

Offensive anti-Trump

Le débat, virulent, rappelait celui, tournant au pugilat, auquel avaient participé les candidats mi-février, alors que la course aux délégués pour l'investiture s'accélère. Mais, encore un cran en dessous, l'émission a inclus une allusion obscène de Donald Trump, dont Marco Rubio s'était moqué pour la petite taille supposée de ses mains.

« Il a parlé de mes mains en sous-entendant que si elles étaient petites, autre chose devait être petit. Je vous garantis qu'il n'y a aucun problème », a dit le milliardaire jeudi.

Apparemment consterné par le niveau de la discussion, le gouverneur de l'Ohio John Kasich s'est présenté à nouveau comme le candidat le plus raisonnable, vantant son expérience exécutive et au Congrès sur le budget.

« J'essaie toujours d'éviter le genre de mêlées qu'on a vues sur scène. Les gens me disent, partout où je vais, que je suis l'adulte sur la scène », a-t-il déclaré.

Le débat concluait une journée mouvementée pour le parti républicain, divisé sur l'ascension irrésistible de Donald Trump.

Il a remporté dix des 15 premières consultations depuis le 1er février. Le calendrier des primaires a été conçu de telle façon qu'à partir du 15 mars, le candidat en tête sera quasi assuré de remporter l'investiture : la plupart des États comme la Floride attribueront la totalité de leurs délégués au vainqueur, ce qui consolidera toute avance de façon exponentielle vers la majorité absolue requise.

Le temps presse, et le candidat républicain à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, a pris la tête de la contre-offensive, sortant de sa réserve dans un discours accablant jeudi.

« Donald Trump est un charlatan, un imposteur. Ses promesses ne valent pas mieux qu'un diplôme de l'Université Trump. Il prend les Américains pour des pigeons », a-t-il déclaré dans l'Utah.

Il s'est surtout attardé sur la personnalité du milliardaire, sa « malhonnêteté », sa « cupidité », sa « misogynie » et sa vulgarité.

Mais des républicains doutent de l'efficacité de cette contre-offensive, improvisée et tardive. « C'est trop tard », s'est lamenté au Washington Post le consultant républicain Alex Castellanos.

« Tant que Trump respecte la règle du jeu, s'il gagne, c'est comme ça », dit à l'AFP Steve King, élu républicain du Congrès qui soutient Ted Cruz, lors du rassemblement annuel des conservateurs américains, à National Harbor, près de Washington.