À Chicago, fief du président américain, Tim Glisson a voté pour Barack Obama parce qu'il a «un cerveau, un coeur et une âme».

«Vous plaisantez? Obama!», lâche ce retraité de 57 ans, interrogé à la sortie d'un bureau de vote de Chicago. «J'ai un cerveau, un coeur et une âme», ajoute-t-il.

La petite pluie fine qui tombait mardi après-midi sur la ville n'a pas non plus douché l'enthousiasme de Samuel Twumasi, 60 ans, chauffeur de taxi et bénévole de la campagne démocrate. «J'ai voté pour mon candidat, Obama. Sûr, il va gagner», ajoute cet ancien réfugié du Ghana.

Sandra Rendrich, 64 ans, retraitée, n'a jamais de sa vie voté républicain. Et puis «aucun président ne peut faire ce qu'il a à faire en seulement quatre ans», dit-elle sans faire mystère de son choix: Obama.

Mais tous les électeurs de la ville n'avaient pas pu voter dans l'après-midi, à cause du mauvais fonctionnement du site internet du bureau des élections, seloon le Chicago Tribune.

En raison d'un redécoupage électoral, 20% des électeurs du comté de Cook ont dû changer de bureau de vote. En cherchant leur nouvelle affectation, certains ont été mal aiguillés par le site, victime d'un dysfonctionnement. À 14h24, on avait répertorié 864 électeurs qui s'étaient présentés au mauvais bureau, selon le journal.

Une enquête est en cours, a indiqué un porte-parole, Langdon Neal, qui a évoqué une possible «attaque malveillante».

Orchestre pour «réveiller les Latinos»

Des 200 millions d'Américains appelés aux urnes, beaucoup ont dû prendre leur mal en patience, en raison des files d'attente.

Dans l'un des bureaux du comté de Fairfax, en Virginie, il fallait patienter trois heures pour voter, et deux heures dans celui logé par le tribunal d'Arlington, également en Virginie.

«Vous pensez avoir à attendre?», a ironisé le Washington Post sur son site internet, publiant les photos de foules d'électeurs résignés à patienter pour des scrutins en Égypte, en Iran, au Nigeria ou au Venezuela.

Cela n'a pas empêché de râler les électeurs d'Hoboken, dans le New Jersey, durement frappé par l'ouragan Sandy il y a une semaine. Des bureaux de vote ont dû être improvisés et ont ouvert en retard.

Devant la foule impatiente, un bénévole présentait ses excuses: «Excusez-nous pour l'état des locaux, mais il y a 2 jours, ils étaient sous 60 cm d'eau!».

Les autorités du New Jersey ont depuis rallongé le délai du vote par correspondance des personnes déplacées à cause de l'ouragan.

Dans le quartier de Little Havana, à Miami, Mary Ann Weber, 20 ans, étudiante en architecture, était si contente d'enfin voter qu'elle est venue à 3h du matin «pour être la première».

Dans les rues de Van Nuys, une commune au nord de Hollywood, les électeurs ont eu l'aubade matinale d'un orchestre de mariachis, les Coqs de Jalisco, qui voulaient «réveiller les Latinos».

«Nous sommes la minorité majoritaire. Faisons entendre notre voix», a expliqué l'organisatrice Ana Frausto. Elizabeth Perez, 37 ans, secrétaire d'origine mexicaine, va voter Obama, qui «a beaucoup à offrir aux Latinos».

Près de Chicago, à Dolton, Galicia Malone, 21 ans, est devenue l'une des vedettes du scrutin. Rien n'a pu empêcher la jeune femme, enceinte, de déposer son bulletin, même pas la naissance imminente de son premier bébé.

La jeune femme a ressenti dans la nuit ses premières contractions, qui se sont accélérées au petit matin, puis elle a perdu les eaux. «Je n'ai jamais voté de ma vie. Je voulais que ma fille en soit inspirée», a déclaré la jeune femme à la station de radio WBBM. En entrant dans le bureau de vote, «j'ai seulement pensé "lis le bulletin et respire, lis le bulletin et respire..."».