Le candidat républicain à la Maison-Blanche, Mitt Romney, cherche à rebondir après avoir été critiqué pour avoir évoqué la mentalité de «victimes» de «47%» des Américains. Il s'en est pris mercredi à la culture de «dépendance» défendue selon lui par Barack Obama.

«Mon projet pour l'économie américaine encouragera les investissements privés et les libertés individuelles», a affirmé M. Romney dans une lettre ouverte publiée par le journal USA Today. «Au lieu de créer un réseau de dépendance, j'appliquerai des politiques qui feront croître notre économie et sortir des Américains de la pauvreté.»

M. Romney, dont la campagne pour tenter de ravir la Maison-Blanche à M. Obama le 6 novembre faisait escale à Atlanta pour des activités de financement, a accusé le président démocrate d'être l'apôtre de la «redistribution» des richesses, une notion qui aux États-Unis renvoie au socialisme dans son acception soviétique.

Les États-Unis «ne fonctionnent pas avec un État qui dit "devenez dépendants de l'État, devenez dépendants de la redistribution" des biens. Cela tuerait l'esprit d'entreprise américain qui a soutenu notre économie toutes ces années», a lancé M. Romney face aux contributeurs de sa campagne.

«La question de cette campagne n'est pas de savoir qui se soucie des pauvres et de la classe moyenne, a assuré le candidat conservateur. C'est mon cas. C'est son cas, a-t-il ajouté à propos de M. Obama. La question est de savoir qui peut aider les pauvres et la classe moyenne. Je le peux, il ne le peut pas!»

Dès mardi, les républicains avaient mis en avant des déclarations de Barack Obama datant de 1998 et censées traduire les convictions d'extrême gauche de l'actuel président des États-Unis: il y défendait l'idée d'une «redistribution» des richesses par l'État.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a estimé mercredi que cette manoeuvre du camp de M. Romney s'apparentait à «une tentative, qui semble désespérée, de changer de sujet», niant que M. Obama ait alors voulu défendre autre chose qu'une organisation efficace de l'État.

Dans ses discours, M. Obama évoque l'idée d'une pression fiscale plus élevée pour les plus riches et se dit persuadé que la croissance reviendra si la classe moyenne est renforcée. Le projet économique de M. Romney prévoit au contraire de réduire les impôts des «créateurs d'emplois».

Mardi soir, le président a estimé que son adversaire passait une partie importante des Américains «par pertes et profits» avec ses propos polémiques sur la mentalité de «victimes» de 47% de ses compatriotes.

Dans une vidéo volée publiée lundi par le journal de gauche Mother Jones, M. Romney assure que «47% voteront pour le président quoi qu'il arrive. Il y a 47% des gens qui sont avec lui, qui dépendent du gouvernement, qui pensent qu'ils sont des victimes, qui pensent que le gouvernement doit s'occuper d'eux [...]. Ce sont des gens qui ne paient pas d'impôts».

Ces déclarations, que M. Romney n'a pas désavouées tout en concédant que leur formulation n'était pas «élégante», ont provoqué une tempête médiatique au moment où la candidature du républicain souffre déjà de mauvais sondages, de revers de communication et d'un article de presse faisant état de querelles internes dans son équipe.