L'heure de vérité approche pour le républicain Mitt Romney qui devrait prochainement dévoiler le nom de son colistier pour affronter la paire Obama-Biden en novembre.

Cette décision, la plus importante qu'il ait eu à prendre depuis le lancement de sa campagne présidentielle, devrait éclairer sur sa capacité à faire preuve d'audace ou au contraire sa propension à jouer la valeur sûre.

La presse américaine spéculait à tout va ces derniers jours sur le choix de l'heureux élu -- un latino, populaire mais peu aguerri, un politicien avec une longue expérience mais jugé trop «sage», une femme -- ou encore sur le moment précis de l'annonce. Tradition oblige, celle-ci interviendra avant la convention nationale du Parti républicain prévue fin août, à Tampa, en Floride.

Parmi les noms les plus fréquemment cités figurent le gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty, 51 ans, et le sénateur de l'Ohio (nord) Rob Portman, 56 ans, tous deux dépêchés ces derniers jours par l'équipe de campagne de Romney pour attaquer le président démocrate sortant sur son bilan économique.

Celui qui espère détrôner Barack Obama le 6 novembre entame quant à lui ce week-end une tournée dans quatre États, dont la Floride et l'Ohio. Des experts assuraient que Romney pourrait révéler le nom de son potentiel vice-président dès le début de cette tournée en bus.

MM. Pawlenty et Portman se sont hissés récemment en haut de la liste des pronostics. Ils apparaissent comme des options sûres et sans risque, selon un connaisseur du milieu.

«Je serais surpris que ça ne soit pas Portman ou Pawlenty», note un spécialiste de la vice-présidence, Joel Goldstein, professeur à l'université de Saint Louis.

Les deux hommes sont très différents. Comme Romney, Pawlenty apparaît comme un «outsider» à Washington, mais fils de chauffeur routier, il apporterait un certain crédit auprès des cols bleus américains, chose dont manque cruellement le multimillionnaire et ancien gouverneur du Massachusetts.

Rob Portman, au contraire, est un habitué du Congrès, un conservateur zélé qui a servi sous l'administration de George W. Bush comme directeur du budget et représentant au commerce.

Il présente aussi l'atout considérable d'être élu d'un État crucial: aucun locataire de la Maison Blanche républicain n'a été élu sans remporter l'Ohio, qui s'annonce être une bataille difficile pour 2012.

«De l'audace, Mitt!»

Face à ces sobres choix, nombre de conservateurs appellent à davantage de hardiesse. «De l'audace, Mitt!», supplie l'analyste néoconservateur William Kristol dans le magazine Weekly Standard.

«Choisis Paul Ryan, le leader intellectuel du Parti républicain, l'homme qui a posé les jalons du programme politique de l'après-Obama et a su le faire signer par ses collègues au Congrès», a-t-il écrit.

Le Wall Street Journal a lui aussi choisi jeudi Ryan, qui préside la commission du Budget à la Chambre des représentants.

Joel Goldstein note toutefois que son programme fiscal et budgétaire est de la «dynamite politique» que Romney devra assumer à son compte.

«Ou alors choisis Marco Rubio», poursuit M. Kristol, citant le jeune sénateur de Floride de 41 ans qui incarne le mouvement Tea Party, «le jeune politicien républicain le plus talentueux» à ses yeux.

Rubio, un Américain d'origine cubaine, pourrait notamment aider à ramener l'électorat hispanique dans le giron républicain. Sa principale faiblesse: il n'a que 18 mois d'expérience nationale au compteur.

D'autres commentateurs estiment qu'au final le choix du colistier ne sera pas si déterminant. «Sur un plan national, c'est quasi insignifiant», affirme même Alan Abramowitz, professeur de sciences politiques à l'université Emory.