Environ 150 leaders évangéliques se réuniront samedi dans un ranch du Texas pour tenter de s'entendre sur une stratégie pour éviter ce que certains d'entre eux craignent le plus: la désignation de Mitt Romney, un politicien trop modéré à leur goût (et mormon de surcroît), comme candidat républicain à l'élection présidentielle de 2012.

Ce sujet sera également à l'ordre du jour d'un congrès qui réunira quelque 500 militants du mouvement populiste conservateur Tea Party demain en Caroline-du-Sud, où aura lieu le 21 janvier la prochaine primaire républicaine. Dans les deux cas, les discussions auront été provoquées par un sentiment proche de la panique, que les victoires de l'ancien gouverneur du Massachusetts en Iowa, la semaine dernière, et au New Hampshire, mardi, ont exacerbé.

«Le but est de voir si ce qui est arrivé en 2008 peut être évité en 2012», a expliqué Tony Perkins, président du Family Research Council, un groupe de réflexion de chrétiens conservateurs.

Division des voix

En 2008, l'ancien gouverneur d'Arkansas Mike Huckabee était apparu comme le candidat favori des électeurs évangéliques lors des caucus de l'Iowa, où il avait triomphé. Mais cet électorat avait par la suite dispersé ses voix, un phénomène qui avait servi la cause de John McCain.

Cette année, les chrétiens évangéliques et les militants du Tea Party pourraient vraisemblablement freiner l'élan de Mitt Romney en Caroline-du-Sud s'ils parviennent à s'entendre sur un candidat commun. Il va sans dire que les Newt Gingrich, Rick Santorum et Rick Perry, entre autres, auditionneront au cours des prochains jours pour devenir la solution de rechange à Mitt Romney.

Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, a notamment amorcé sa campagne en Caroline-du-Sud en dénonçant dans une pub télévisée les politiques «pro-avortement» de Mitt Romney à l'époque où il était gouverneur du Massachusetts.

Fort de sa deuxième place au New Hampshire, Ron Paul a fait valoir de son côté que le rôle de l'«anti-Romney» lui revenait de plein droit. Son équipe de campagne a d'ailleurs envoyé à ses rivaux un message mardi soir les exhortant à se retirer de la course et à appuyer le «seul vrai choix conservateur».

En attendant, Mitt Romney demeure favori pour l'emporter en Caroline-du-Sud, un État où les républicains ont l'habitude de voter pour l'éventuel vainqueur de la course à l'investiture de leur parti. Cela dit, l'ancien homme d'affaires de 64 ans s'attend à être la cible d'un barrage de pubs négatives dans cet État où les campagnes font rarement dans la dentelle. Il se prépare notamment à être critiqué de nouveau pour son rôle à la tête de la société d'investissement Bain Capital.

«Nous savions depuis longtemps que les gens d'Obama s'attaqueraient à la libre entreprise. Je suis un peu surpris de voir que Newt Gingrich est le premier à la barre des témoins pour la poursuite», a déclaré Mitt Romney hier matin avant de s'envoler pour la Caroline-du-Sud.