Les «indignés» qui squattent le parvis de la cathédrale Saint-Paul sont devenus les «indésirables» de Londres. La cathédrale a pris les grands moyens pour les chasser: elle a fermé ses portes pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.

Une nouvelle attraction est apparue dans les rues de Londres depuis le 15 octobre: le camp coloré des indignés en plein quartier des affaires. Hier après-midi, des touristes curieux photographiaient le village d'irréductibles devant la cathédrale Saint-Paul.

Frédéric Boileau, Montréalais, venait de planter sa tente brune à l'ombre des colonnes corinthiennes. «Je suis un peu ici pour faire mon éducation», dit le voyageur de 18 ans.

Tous ne partageaient pas sa bonne humeur. Une guerre d'image a éclaté entre les manifestants et les autorités de Saint-Paul.

L'icône de la capitale a fermé ses immenses portes de bois massif vendredi dernier, gênée par la présence des 200 tentes.

La tension entre les deux clans était palpable lors du passage de La Presse. «Des gens lancent de la nourriture sur les marches de la cathédrale, faites quelque chose», s'est écrié Martin Fletcher, membre du clergé, dans la tente d'accueil du camp.

Les autorités ecclésiastiques espèrent que la fermeture de l'église, qui reçoit deux millions de visiteurs par année, précipitera le départ des occupants. «Avec tant d'éléments chauffants et toutes sortes de carburant sur le terrain, il y a des risques d'incendie», ont-elles précisé dans un communiqué vendredi.

Mais les indignés disent avoir respecté les directives des inspecteurs de la Ville et refusent de plier bagage. Ils se méfient des raisons invoquées par l'église.

«Beaucoup d'administrateurs de la cathédrale sont issus du milieu bancaire», explique Andy Forse, 26 ans, campeur. Vérification faite, la majorité des membres de la fondation sont d'anciens poids lourds de la City.

«Notre décision n'a rien à voir avec nos intérêts commerciaux», a riposté Giles Fraser, chancelier de l'église qui subit des pertes de 36 000$ CAN par jour.

La fermeture de la cathédrale, qui a été miraculeusement sauvée des bombardiers d'Hitler en 1941, sème l'émoi chez les Londoniens et prend les touristes au dépourvu.

Iris Weissbach avait espéré la visiter avec sa fille de 21 ans, Victoria. Elle refuse de sympathiser avec les anticapitalistes. «Le capitalisme est un meilleur système que le socialisme, j'en sais quelque chose», dit la femme originaire de l'Allemagne de l'Est.