Le monde entier a su à quoi s'en tenir au sujet de George W. Bush peu après le 11 septembre 2001. Il s'est mis à se comporter comme le fier-à-bras qui distribue les coups dans la cour d'école dès que sonne l'heure de la récréation.

À voir comment Barack Obama se comporte sur la scène internationale depuis près de 100 jours, il est tentant de l'imaginer, plus jeune, dans la même cour d'école que son prédécesseur au style de cowboy texan.

 

Il aurait certes été l'anti-Bush. Le brillant élève prêt à aider les moins doués à faire leurs devoirs. À condition qu'ils acceptent, en échange, de bien se comporter.

Sur la scène internationale, Bush aimait être craint. Le nouveau président américain préfère être aimé.

Il se présente comme un ami qui vous veut du bien. Et les autres grands leaders du monde en redemandent.

Puissance douce

Prenez Hugo Chavez, président du Venezuela. Ces dernières années, il a qualifié les États-Unis de pays «terroriste» et comparé Bush au «diable».

Devant Obama, au Sommet des Amériques la semaine dernière, le loup s'est soudainement transformé en agneau. «Je veux être ton ami», a dit Chavez au successeur de Bush, en lui serrant la main.

Et que dire de Dmitri Medvedev, fils spirituel de Vladimir Poutine et président d'une Russie qui a pris goût à narguer Washington et le reste de l'Occident. En marge du sommet du G20, il a précisé qu'Obama est son «nouveau camarade».

Les universitaires ont un nom pour la méthode mise de l'avant par Obama en politique étrangère depuis son entrée à la Maison-Blanche. La puissance douce. C'est-à-dire chercher à convaincre plutôt qu'à contraindre. L'inverse de ce qu'on appelle la puissance dure, jadis privilégiée par Bush et ses faucons.

Pour l'influent quotidien américain Politico, la rupture, en matière de politique étrangère, est dramatique à Washington. Il s'agit carrément du «plus radical changement de cap philosophique» en 28 ans. Soit depuis que le républicain Ronald Reagan a succédé au démocrate Jimmy Carter.

Carter a été jugé faible et mou par les Américains. Tout particulièrement en raison de son impuissance à résoudre la crise des otages américains en Iran, détenus pendant 444 jours.

La diplomatie ne suffit pas

Les rivaux républicains d'Obama, désarçonnés par le fait que la lune de miel entre le président démocrate et les Américains semble s'éterniser, se sont justement mis à agiter le spectre de Carter.

Étroitement surveillé, Obama aura fort à faire pour ne pas perdre la face dans plusieurs dossiers chauds sur la planète. À commencer par celui de l'Iran, qui a fait si mal paraître Carter, pays avec lequel le nouveau président cherche à dialoguer. Un pari risqué.

La Corée du Nord, le Pakistan et l'Afghanistan - des pays où l'héritage de Bush s'apparente à un gâchis - mettront aussi rudement à l'épreuve la méthode de ce Casanova de la politique étrangère.

Or, contrairement à Carter, Obama semble plus pragmatique qu'idéaliste. Il s'est déjà rendu compte que la diplomatie, parfois, ne suffit pas. Depuis son arrivée au pouvoir, par exemple, les attaques d'avions américains sans pilote dans les zones tribales pakistanaises se sont multipliées.

Il faut néanmoins souhaiter qu'il conserve son penchant pour la séduction en politique étrangère. Et que sa méthode ne provoque pas de dérapage incontrôlé. Si c'était le cas, les Américains seraient impitoyables. Ils exigeraient rapidement un retour à l'époque du fier-à-bras