Le plus puissant groupe politique d'Égypte, les Frères musulmans, ont annoncé samedi la nomination du chef du parti comme candidat remplaçant pour la présidence du pays, alors que des tentatives sont effectuées pour disqualifier leur principal candidat.

La décision de nommer un deuxième candidat a été provoquée par des craintes que le conseil militaire au pouvoir utilise le comité électoral égyptien pour disqualifier les candidats islamistes au poste de président afin de laisser la place à d'anciens responsables du régime.

L'élection à venir, qui doit avoir lieu d'ici la fin de mai, est le premier scrutin présidentiel depuis la chute d'Hosni Moubarak après près de 30 ans au pouvoir. Il s'agit d'une élection cruciale pour l'armée et pour les Frères, qui se livrent déjà une lutte pour le pouvoir. Les militaires veulent garder le contrôle de portefeuilles sécuritaires et économiques clés au moins jusqu'en juin, lorsque l'identité du nouveau président sera annoncée, alors que les Frères musulmans veulent tout d'abord nommer un nouveau gouvernement.

Dans un communiqué publié samedi soir, les Frères annoncent qu'ils proposent le chef du parti Mohammed Morsi comme alternative à Khairat el-Shater, le principal stratège et financier du groupe.

Les Frères musulmans, qui ont émergé des révoltes de l'an dernier en tant que plus puissant parti politique d'Égypte lorsqu'ils ont remporté près de la moitié des sièges au Parlement, ont affirmé qu'il semblait y avoir des tentatives, de la part du comité électoral égyptien, de disqualifier certains candidats.

Les autres candidats ayant fait part de leur intérêt pour le poste présidentiel sont l'ancien ministre d'Hosni Moubarak et ancien chef des services de renseignement Omar Suleiman, l'ancien premier ministre Ahmed Shafiq, ainsi que l'ancien ministre des Affaires étrangères et ancien président de la Ligue arabe Amr Moussa.

Les quatre derniers présidents égyptiens sont sortis des rangs de l'armée. Un candidat islamiste viendrait ébranler des décennies de contrôle militaire et placer les généraux au pouvoir sous surveillance civile.

Selon les Frères, M. El-Shater ne doit pas surmonter d'obstacle juridique pour tenter d'être élu président et que sa candidature avait clairement fait l'objet d'un veto avant même que celle-ci ne soit officialisée.