Les forces irakiennes s'apprêtent à lancer jeudi plusieurs assauts autour de Mossoul, le dernier bastion du groupe Etat islamique (EI) en Irak, que des chefs jihadistes ont déjà quitté selon un général américain.

Depuis lundi, les forces fédérales et kurdes irakiennes ont fait de rapides progrès, se rapprochant depuis plusieurs directions de la deuxième ville d'Irak. Elles sont appuyées par la coalition internationale dirigée par Washington qui, outre son aviation, a des militaires sur le terrain pour les conseiller.

Selon un général américain de la coalition, «des responsables (de l'EI) ont quitté» la ville et ce sont des djihadistes étrangers «qui resteront et combattront» à Mossoul. «Nous disons à l'EI que leurs chefs les abandonnent», a dit Gary Volesky.

Avant d'atteindre les abords directs de la ville, où 3000 à 4500 combattants seraient retranchés, les forces progouvernementales doivent d'abord s'emparer de territoires contrôlés par l'EI tout autour de la cité.

Cette bataille sera «difficile» a prévenu le président Barack Obama, et elle pourrait même durer des mois selon des responsables irakiens.

Le premier ministre irakien Haider al-Abadi s'est rendu sur la ligne de front mercredi, dans les environs de Mossoul, où des soldats et policiers irakiens et des combattants kurdes et autres s'apprêtent à lancer jeudi des assauts depuis plusieurs directions

Dans la ville même, des centaines de milliers de civils vivent depuis lundi au rythme des frappes aériennes contre l'EI.

«On entend des explosions énormes mais je ne sais pas quelles sont les cibles», a affirmé à l'AFP Abou Saïf, un résident de 47 ans joint par téléphone. «Beaucoup de familles commencent à manquer de certains produits alimentaires de base, il n'y a plus de commerce à Mossoul, la ville est coupée du monde».

Abou Imad, un autre habitant, a lui fait état de hausses des prix et de dévaluation du dinar irakien au marché noir.

Les habitants joints par l'AFP affirment en outre que de nombreuses rues sont fermées à la circulation la nuit et à moitié vide en journée.

«Portée symbolique»

À 15 km au sud-est de Mossoul, les forces fédérales sont entrées mardi dans plusieurs quartiers de la ville chrétienne de Qaraqosh, suscitant des manifestations de joie parmi les chrétiens de la région réfugiés à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien.

Des officiers du contre-terrorisme irakien ont affirmé à l'AFP que leurs forces étaient en passe de chasser les djihadistes de cette ville.

«Nous encerclons Hamdaniya», le district dans lequel se trouve Qaraqosh, a déclaré le lieutenant Riyadh Tawfiq, commandant des forces terrestres irakiennes, depuis la base de Qayyarah, d'où est organisé le gros de l'offensive vers Mossoul.

«Il y a des poches (de résistance), des combats, ils (les djihadistes) envoient des voitures piégées mais cela ne les aidera pas».

Environ 50 000 personnes vivait à Qaraqosh avant l'arrivée des djihadistes en 2014.

C'était le lieu en Irak «où il y avait le plus de chrétiens au même endroit», selon Faraj Benoit Camurat, président de Fraternité en Irak, une ONG qui soutient les minorités irakiennes. Sa prise aurait donc «une portée symbolique importante» pour les chrétiens d'Irak, qui seraient maintenant moins de 350 000.

Longues barbes

Les forces impliquées dans l'offensive sur Mossoul avancent sur deux axes, depuis Qayyarah, au sud, et depuis Khazir, à l'est, et des commandants irakiens ont assuré que des dizaines de villages avaient été repris.

Selon un journaliste de l'AFP, des familles ayant retrouvé leur liberté de mouvement pour la première fois depuis deux ans se sont approchées avec prudence des forces de sécurité irakiennes, agitant un drapeau blanc alors que d'autres restaient dans leurs maisons.

La plupart des hommes de la ville portaient de longues barbes parce que l'EI leur interdisait de se raser. L'un d'eux a demandé à un policier une cigarette. Fumer aussi était banni.

Mercredi, les forces irakiennes atteignaient le village de Bajwaniyah, à 30 km au sud de Mossoul.

Le sort des habitants de Mossoul et des localités proches inquiète l'ONU et des ONG, et les États-Unis ont déclaré que les djihadistes de l'EI retenaient les civils «contre leur gré» et s'en servaient comme «boucliers humains».

Pour l'heure, «les activités militaires se concentrent dans des zones à faible densité de population et nous n'avons enregistré de déplacements massifs de civils, a déclaré mercredi le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les affaires humanitaires, Stephen O'Brien.

Mais il s'est une nouvelle fois dit «extrêmement préoccupé» pour les quelque 1,5 million de personnes vivant encore à Mossoul.

Jusqu'à présent, seulement quelques dizaines de familles ont pu fuir Mossoul depuis le début de l'opération militaire.

Mais des groupes plus importants de personnes ont fui des zones autour de la métropole et trouvé refuge dans des secteurs plus sûrs, y compris en Syrie voisine, pourtant en guerre.

Selon l'ONG Save the Children, 5000 civils irakiens sont arrivés ces dix derniers jours dans un camp de réfugiés en Syrie, à Al-Hol, à quelques kilomètres de la frontière irakienne. 

Frappes aériennes contre l'EI

Le premier ministre irakien Haider al-Abadi s'est rendu sur la ligne de front mercredi, dans les environs de Mossoul, où des soldats et policiers irakiens et des combattants kurdes et autres s'apprêtent à lancer jeudi des assauts depuis plusieurs directions

Dans la ville même, des centaines de milliers de civils vivent depuis lundi au rythme des frappes aériennes contre l'EI.

« On entend des explosions énormes, mais je ne sais pas quelles sont les cibles », a affirmé à l'AFP Abou Saïf, un résidant de 47 ans joint par téléphone. « Beaucoup de familles commencent à manquer de certains produits alimentaires de base, il n'y a plus de commerce à Mossoul, la ville est coupée du monde ».

Abou Imad, un autre habitant, a lui fait état de hausses des prix et de dévaluation du dinar irakien au marché noir.

Les habitants joints par l'AFP affirment en outre que de nombreuses rues sont fermées à la circulation la nuit et à moitié vides en journée.