Le secrétaire d'État américain John Kerry a réclamé mardi au Congrès son feu vert à la guerre déjà commencée contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie, une autorisation juridique formelle dont l'administration peut toutefois se passer.

Le chef de la diplomatie américaine plaidait dans l'après-midi devant l'influente commission des Affaires étrangères du Sénat pour une «autorisation pour usage de la force militaire» (Authorization for Use of Military Force, AUMF).

Cette «autorisation, ou AUMF, doit donner au président (Barack Obama) un mandat clair et la souplesse nécessaire pour poursuivre le conflit armé contre l'EI et ses forces affiliées», a demandé M. Kerry. Conformément à la Constitution des États-Unis, seul le Congrès a le droit de déclarer la guerre.

Mais l'administration s'est passée jusqu'à présent de cet habillage juridique: elle a engagé des frappes militaires en Irak et en Syrie contre l'EI en s'appuyant sur de précédentes AUMF, la première prise après les attentats du 11-Septembre 2001 contre Al-Qaïda, les talibans et autres groupes «terroristes», la seconde en 2002 pour préparer l'invasion de l'Irak.

Et M. Kerry l'a dit sans détours: le gouvernement «continuera» ses opérations militaires en cas de refus du Congrès. «Nous avons l'autorité conformément à l'AUMF de 2001», a répliqué le secrétaire d'État aux sénateurs.

John Kerry a ajouté que son administration «approuvait» la proposition du président de la commission, le sénateur démocrate Robert Menendez, de «limiter» cette éventuelle nouvelle autorisation à «trois ans».

La coalition internationale pilotée par les États-Unis a mené -- depuis août en Irak et depuis septembre en Syrie -- quelque 1100 frappes aériennes contre des bastions du groupe EI, des ultra-jihadistes sunnites qui contrôlent des pans de ces deux pays.

En visite à Bagdad, le patron du Pentagone Chuck Hagel a fait état de «progrès solides» contre cette puissante organisation radicale armée.