Des avions de chasse iraniens ont lancé selon le Pentagone des frappes contre le groupe État islamique (EI) dans l'est de l'Irak ces derniers jours, soulignant la détermination de Téhéran contre l'EI alors que les États-Unis semblent accepter de manière tacite cet appui inattendu.

«Nous avons des indications qu'ils ont lancé des raids aériens avec des avions F-4 Phantom ces derniers jours», a déclaré mardi à l'AFP le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

Ces frappes n'ont pas été coordonnées avec les États-Unis, mais elles marquent l'implication accrue de Téhéran pour lutter contre un ennemi commun qui représente une menace sérieuse pour les intérêts respectifs des deux pays.

Les déclarations de M. Kirby intervenaient après que la chaîne Al-Jazeera a montré des images d'avions semblant être des chasseurs F-4, similaires à ceux utilisés par l'armée de l'air iranienne. Ces avions attaquaient des cibles dans la province de Diyala, frontalière de l'Iran.

Lors d'une conférence de presse, M. Kirby avait auparavant noté qu'il revenait au gouvernement irakien de coordonner les frappes aériennes menées par les différents pays participant à la coalition internationale contre le groupe EI, et non aux États-Unis.

«Nous effectuons des missions aériennes au-dessus de l'Irak. Nous les menons après nous être concertés avec le gouvernement irakien. Il revient au gouvernement irakien de gérer cet espace aérien», a dit M. Kirby.

«Rien n'a changé concernant notre politique selon laquelle nous ne coordonnons pas nos activités avec les Iraniens», a-t-il ajouté, confirmant la position de principe de la diplomatie américaine.

Avions anciens 

Si les deux pays ont discuté à plusieurs reprises de la lutte contre l'organisation EI, en marge notamment des négociations sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, les États-Unis ont toutefois souligné à plusieurs reprises que les deux pays ne collaborent pas militairement.

Mais même s'ils ne se sont pas concertés, les États-Unis ont certainement très bien détecté les mouvements des avions de combat iraniens, des appareils anciens utilisés par les Américains lors de la Guerre du Vietnam il y a plus de 40 ans.

Le centre de commandement aérien américain basé au Qatar est ainsi particulièrement bien équipé pour détecter ce genre d'appareils. Il gère en outre les missions des avions de chasse, des bombardiers et des drones qui survolent presque en continu l'Irak et la Syrie, en collaboration avec les autres pays qui participent à la coalition contre le groupe EI.

Outre ses récentes frappes aériennes, l'armée iranienne est aussi active au sol, assistant les milices chiites ainsi que des unités de l'armée irakienne. Des fusils et un certain nombre de lance-roquettes iraniens équipent ainsi certaines troupes irakiennes.

Mais c'est la première fois que Washington confirme des raids aériens menés par des avions de chasse iraniens contre le groupe EI.

L'Iran a également mis à la disposition de l'Irak des Soukhoï Su-25. La rumeur veut même que des pilotes iraniens soient aux commandes de ces appareils.

La confirmation par les États-Unis que l'Iran mène des frappes aériennes contre le groupe EI illustre la manière dont la menace posée par le groupe islamiste a rapproché les deux anciens ennemis. Iran et Irak se sont en effet livré entre 1980 et 1988 une guerre sans merci qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts.

Mais aujourd'hui le gouvernement chiite iranien entretient des liens étroits avec le gouvernement chiite de Bagdad, qui éprouve de sérieuses difficultés à repousser les assauts des jihadistes sunnites.

Des avions américains mènent des missions au-dessus de l'Irak quotidiennement, appuyés par des appareils d'autres pays alliés comme la France, l'Australie ou le Canada par exemple.

Les États-Unis ont commencé leurs frappes aériennes contre le groupe EI le 8 août en Irak, et en septembre au-dessus de la Syrie voisine.