On a cru que les barrières entre les peuples s'écrouleraient avec la chute du mur de Berlin, avec la mondialisation. On avait tort. De Riyad à Washington, les «nouveaux murs» représentent un marché en pleine expansion, que se disputent les plus grandes entreprises d'armement de la planète.

L'ennemi a changé, dit Julien Saada, chercheur à la chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. «Paradoxalement, c'est la fin de la guerre froide qui a provoqué le retour des murs. On a commencé à combattre de nouvelles menaces, comme la drogue, la criminalité, le terrorisme et l'immigration clandestine.»

Les contrats valent des milliards. Car il ne s'agit plus d'ériger de simples murs de béton, mais des barrières à la fine pointe de la technologie.

Ainsi, Boeing a construit l'an dernier une «barrière virtuelle» de 45km entre le Mexique et l'Arizona. «Ce n'est pas un mur physique comme celui de Berlin, explique M. Saada. Il s'agit plutôt d'appareils technologiques qui créent les conditions d'un mur, comme des capteurs thermiques, des détecteurs de mouvement et des tours de surveillance radar.»

Selon le chercheur, aux États-Unis, le Homeland Security estime à 178 milliards d'ici à 2015 la valeur du marché mondial de la sécurisation des frontières. «Mais s'il se produisait demain un attentat à l'image de ceux du 11 septembre, on pourrait parler de 700 milliards.»