Le suspect numéro un dans les assassinats des opposants tunisiens Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd est «manifestement» le même homme, Boubakeur El Hakim, qui a été condamné en 2008 en France pour avoir mis en place une filière jihadiste vers l'Irak, a-t-on appris lundi de source proche du dossier.

«C'est très probablement» le même homme, a également avancé une autre source proche du dossier.

Franco-Tunisien né à Paris le 1er août 1983, Boubakeur El Hakim avait été condamné en mai 2008 à sept ans de prison ferme, assortis d'une période de sûreté des deux tiers. Remis en liberté en janvier 2011, il ne fait depuis lors l'objet d'aucune enquête en France, selon l'une de ces sources.

Selon l'autre source, Boubakeur El Hakim est parti en Tunisie tout de suite après sa mise en liberté et a été signalé aux Tunisiens par les services français. «Il est connu comme le loup blanc, clairement identifié comme une figure de l'islamisme radical en France comme en Tunisie», selon cette source.

Considéré comme l'un des principaux organisateurs d'une filière jihadiste vers l'Irak où il s'était rendu pour combattre, Boubakeur El Hakim s'était illustré en appelant dans plusieurs reportages réalisés en Irak par des médias français ses «frères» du quartier populaire de Paris où il vivait à le rejoindre.

Le tribunal correctionnel avait estimé qu'il avait eu «un rôle de combattant» et «d'incitateur pour les jeunes Parisiens d'origine étrangère» de ce quartier, de «facilitateur» pour leur passage en Irak et de «superviseur».

Six autres personnes, liées à cette filière, avaient été condamnées en 2008 par le tribunal correctionnel de Paris à des peines moindres, dont «l'idéologue» de la filière, Farid Benyettou, condamné à 6 ans ferme.

Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi rechercher activement un islamiste radical du nom de Boubaker Hakim (qui peut également être transcrit de l'arabe en Boubakeur el-Hakim, ndlr), suspect numéro un dans l'assassinat des députés d'opposition Mohamed Brahmi jeudi et Chokri Belaïd début février, tous deux tués selon elles avec la même arme.

Le gouvernement tunisien a publié une liste de 14 personnes -des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashariaa, principale organisation salafiste en Tunisie-, impliquées dans les deux meurtres.

Quatre ont été arrêtées, huit sont en fuite, dont Boubaker Hakim, présenté comme le principal suspect, et deux sont en liberté conditionnelle, selon le ministre de l'Intérieur.

Boubaker Hakim est «un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international», a indiqué le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou. Il était déjà recherché en Tunisie pour détention et trafic d'armes, a-t-il précisé, ajoutant qu'il avait échappé récemment à la police et que de nombreuses armes avaient été retrouvées à son domicile.