Un officier de l'unité de Bradley Manning a révélé dimanche que le jeune soldat américain accusé d'être la «taupe» de WikiLeaks avait frappé une militaire, parmi d'autres incidents de comportement avant son arrestation en Irak il y a 18 mois.

Le capitaine Casey Fulton, officier du renseignement de la 10e Division de Montagne déployé avec Manning en Irak, a fait ces révélations au troisième jour d'une audience se tenant prés de Washington et destinée à déterminer si le soldat est renvoyé en cour martiale.

Casey Fulton a indiqué qu'elle avait demandé que Manning soit suspendu et que son arme lui soit retirée après cette altercation survenue peu avant son arrestation en mai 2010.

Vêtu d'une tenue de camouflage vert et portant des lunettes noires, Bradley Manning, qui a eu 24 ans samedi, a écouté attentivement, prenant des notes de temps à autre.

Cet ancien analyste du renseignement en Irak encourt la prison à vie pour «collusion avec l'ennemi», la plus lourde des 22 charges qui pèsent contre lui.

Il est accusé d'avoir transmis au site WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260.000 dépêches diplomatiques du département d'État, au cours de fuites qualifiées parmi les plus graves de l'histoire américaine.

Une douzaine de témoins sont cités pour cette audience, à laquelle assistent plusieurs dizaines de spectateurs et journalistes du monde entier.

Lors des débats samedi, les avocats de l'accusé ont estimé que Manning avait souffert de troubles émotionnels et sexuels, en raison en particulier de son homosexualité, lors de son déploiement près de Bagdad de novembre 2009 à mai 2010, mais que ses supérieurs n'avaient pas pris de mesures.

La défense a aussi cherché à établir que les mesures de sécurité dans l'unité étaient laxistes et que les documents publiés par WikiLeaks n'avaient pas eu d'effets graves sur la sécurité nationale américaine.

Interrogé par la défense sur la prétendue altercation entre Manning et la militaire, le capitaine Fulton a indiqué au tribunal avoir été alerté par des «éclats de voix».

La jeune militaire «m'a dit que (Manning) l'avait frappée et elle avait une marque rouge sur le visage», a déclaré Casey Fulton, soulignant avoir demandé la suspension du soldat, le retrait de son arme et sa prise en charge pour ses problèmes de comportement. «Je voulais sa suspension», a-t-elle dit, estimant que Manning aurait dû également être puni pour des incidents antérieurs.

Un autre témoin, le sergent Chad Madaras, affecté au même poste de travail que Manning, a dit avoir assisté «par deux fois» à des éclats émotionnels de l'accusé, sans qu'à sa connaissance il n'ait jamais été pris en charge ou puni.

Il a reconnu que Manning ne semblait pas avoir d'ami dans l'unité et s'est dit d'accord avec le qualificatif «d'exclu» employé par la défense. «Il s'isolait des autres», a-t-il dit.

Deux autres témoins appelés par les procureurs ont invoqué leur droit de ne pas témoigner. L'un d'eux, Paul Adkins, avait reçu des courriels de Manning d'avril 2010 dans lesquels celui-ci avait joint une photo de lui habillé en femme en précisant que ses troubles avaient un «impact» sur son travail.

Comme les jours précédents, des sympathisants de Manning se sont rassemblés devant la base militaire de Fort Meade pour manifester leur soutien.

Au cours de cette comparution préliminaire, qui doit durer plusieurs jours, il ne s'agit pas de déterminer si le soldat est coupable ou innocent, mais de décider si une cour martiale doit se saisir de l'affaire. Le procès ne devrait pas se tenir avant le printemps 2012.