La police sera déployée en masse dimanche et lundi à Londres à l'occasion de l'incontournable carnaval de Notting Hill, le plus important festival de rue d'Europe, par crainte de nouvelles violences trois semaines après les émeutes qui ont embrasé l'Angleterre.

Tous les ans fin août, Notting Hill, un quartier chic et branché de l'ouest de Londres, se transforme en piste de danse pour célébrer la culture caribéenne. Vêtus de plumes ou de bikinis, des danseurs paradent sur des chars dans les rues où flottent des odeurs de cuisine exotique.

Cette année, un million de fêtards sont attendus pour boire et danser au rythme des musiques reggae, soca, calypso ou samba...

Mais le doute a plané un temps sur la tenue de l'édition 2011 en raison des émeutes de début août, de nombreuses personnes craignant que le carnaval ne soit l'occasion de déclencher une nouvelle salve de violences.

Après des négociations entre la police et les organisateurs, les festivités ont finalement été maintenues, mais elles se termineront chaque soir à 19 heures au lieu de 20h30, et la présence policière sera accrue.

Environ 6500 policiers seront déployés dans le quartier lundi, temps fort du festival, soit environ un millier de plus que les années précédentes, et 4000 agents supplémentaires seront mobilisés ailleurs dans la capitale. Plus de cent personnes ont par ailleurs été arrêtées au cours d'opérations préventives.

«Le carnaval se déroulera dans des circonstances inhabituelles», affirme Steve Rodhouse, un haut responsable de Scotland Yard. «Nous disposons d'informations selon lesquelles des gangs souhaiteraient venir et créer des troubles.»

Mais pour le codirecteur du festival, Ancil Barclay, il n'est pas question de «laisser une minorité de personnes nous empêcher de faire ce que nous voulons».

«Les Londoniens ne veulent pas que le monde retienne les émeutes. Ils veulent montrer que Londres est ouverte et prête pour les jeux Olympiques de l'an prochain. Et quelle meilleure façon de le démontrer qu'en faisant la fête ?», explique-t-il à l'AFP.

Au début du mois, l'Angleterre a été touchée par de violentes émeutes, les pires survenues au Royaume-Uni depuis au moins trente ans. Cinq personnes ont été tuées et plusieurs milliers arrêtées.

Dans la capitale, les violences se sont concentrées sur des arrondissements déshérités, mais Notting Hill a également été affecté. Un restaurant étoilé avait notamment été la cible de pillards, que le personnel avait repoussé à coups de rouleaux à pâtisserie.

«Après les émeutes, beaucoup de personnes ont exprimé leurs inquiétudes et souhaitaient l'annulation du carnaval», raconte Ancil Barclay. «Cependant, ils étaient minoritaires par rapport à ceux qui voulaient que les célébrations soient maintenues.»

Le carnaval a d'ailleurs été créé en 1964 par des immigrés venus des colonies britanniques des Caraïbes en réaction aux émeutes raciales qui s'étaient déroulées six ans plus tôt à Londres.

Dans le passé, le carnaval a été le théâtre de violences, et chaque année, la police procède à plusieurs dizaines d'arrestations, pour rixes et autres incidents souvent liés à l'alcool.

Mais «sur les trois dernières années, il n'y a eu aucun problème majeur et le nombre d'arrestations a même baissé», assure Ancil Barclay. «En fait, la police considère que le carnaval est plus sûr que les rues d'une grande ville un vendredi soir.»