La stratégie de campagne du président français Nicolas Sarkozy pour être réélu, jusqu'ici concentrée sur l'immigration et la sécurité, entre cette semaine dans une nouvelle phase avec la présentation de son programme détaillé, en particulier dans le domaine économique.

Ces questions, chômage en tête, restent les premières préoccupations des Français, qui se passionnent moins que d'habitude pour cette campagne présidentielle.

Les sept assassinats commis le mois dernier par le jeune djihadiste français Mohamed Merah avaient recentré la campagne sur le thème de la sécurité et donné au président Nicolas Sarkozy la possibilité de cultiver sa stature présidentielle face à son principal concurrent, le socialiste François Hollande.

Le président candidat commençait sa semaine lundi par un déplacement dans le nord-est de la France, et se rendra mercredi sur l'île de la Réunion, département français de l'océan Indien. Selon la presse, il devrait présenter jeudi son programme détaillé, censé donner cohérence aux propositions lancées depuis le début de sa campagne, à la mi-février.

«Depuis le début de la campagne, je ne cesse d'apporter des idées», a déclaré lundi Nicolas Sarkozy dans un entretien à plusieurs journaux de l'est de la France. Il y indique que son programme comportera sa stratégie de réduction à zéro du déficit public à horizon 2016.

«Au nom de la France, j'ai pris des engagements vis-à-vis de l'Europe: 0% de déficit en 2016. Pour y arriver, j'ai prévu 115 milliards d'euros (152 milliards de dollars) d'efforts, 75 milliards (99 milliards de dollars) sur les dépenses, 40 milliards (53 milliards de dollars) sur les recettes», a-t-il ajouté.

Dans le même registre de l'économie, le président candidat assure que la réindustrialisation de la France et la restauration de la compétitivité des entreprises sont pour lui une priorité. La France a perdu 500 000 emplois industriels en 10 ans, et le déficit de sa balance commerciale est abyssal.

À trois semaines de l'élection présidentielle (22 avril et 6 mai), Nicolas Sarkozy n'a toujours pas présenté de programme aux Français pour les cinq années à venir, alors que son rival socialiste a mis sur la table fin janvier ses 60 engagements.

Le président sortant a insisté sur les thèmes de l'immigration et de la sécurité, une stratégie visant à séduire l'électorat traditionnel de la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen.

«Quand je dis que nous allons diviser par deux le nombre de nouveaux migrants, parce que nous avons des problèmes d'intégration, et l'équilibre de nos comptes sociaux sur lequel nous devons veiller, est-ce un débat qui n'intéresse pas les Français?», interroge lundi Nicolas Sarkozy.

Les sondages mesurant les préoccupations des Français montrent qu'ils sont avant tout inquiets pour leur emploi, leur protection sociale et le pouvoir d'achat.

Dans son édition de cette semaine, l'hebdomadaire britannique The Economist met en garde les candidats à l'élection présidentielle qui, selon lui, ne proposent pas les réformes nécessaires pour répondre à la crise. «Une France léthargique et non réformée pourrait bien se retrouver au centre de la prochaine crise de l'euro», met en garde le journal connu pour ses idées libérales.

Les sondages d'opinion sont un peu plus favorables au président sortant ces dernières semaines. Il a regagné du terrain au premier tour, dont il est donné vainqueur par la plupart des instituts. Mais au second tour, François Hollande reste largement favori, avec 54% des voix contre 46%, selon la dernière enquête publiée dimanche.

Nicolas Sarkozy peut aussi compter sur la concurrence au sein même de la gauche. Jean-Luc Melenchon, tribun de la gauche radicale, est désormais pour les sondages le troisième homme de ce scrutin, avec un score estimé à 15%. Il pourrait contraindre François Hollande à «gauchir» son discours et écorner ainsi son image de rassembleur.

«C'est un homme de qualité. Il a au moins un mérite, il défend des idées», dit de lui le président sortant.