L'ex-évêque catholique de 70 ans Mgr Lahey poursuivi pour importation et possession de pornographie infantile a plaidé coupable mercredi à Ottawa et le Vatican a aussitôt annoncé que des sanctions allaient suivre.

Raymond Lahey, à l'époque évêque du diocèse d'Antigonish en Nouvelle-Écosse, avait été trahi en septembre 2009, lors d'un contrôle à l'aéroport d'Ottawa, par ses voyages à l'étranger dans des pays où l'on trouve facilement de la pornographie infantile, et une hésitation concernant son ordinateur.

La mémoire de l'ordinateur et d'autres unités de stockage contenaient de nombreuses images de garçons, dont certains âgés de huit à dix ans, selon les estimations de la police.

L'ex-évêque est aussi poursuivi au civil par un pensionnaire d'un orphelinat qui l'accuse d'agressions sexuelles commises dans les années 80, que l'ecclésiastique dément.

Cet établissement, l'orphelinat Mount Cashel à Saint-Jean de Terre-Neuve, a été fermé en 1990 après la découverte que son personnel avait pendant de longues années agressé sexuellement quelque 300 pensionnaires.

«L'Église catholique condamne l'exploitation sexuelle sous toutes ses formes, en particulier lorsqu'elle est perpétrée contre des mineurs», a affirmé le Vatican dans un communiqué de son service de presse publié peu après l'admission par Mgr Lahey de sa culpabilité pour possession de pornographie infantile.

Faisant apparemment référence à l'affaire d'agressions sexuelles supposées, le communiqué laisse entendre que des sanctions vont suivre, sans les détailler.

«Bien que le procès civil ait suivi son cours, le Saint-Siège continuera à suivre les procédures canoniques prévues dans des cas similaires qui donnent lieu à l'imposition des mesures appropriées disciplinaires ou pénales», conclut le Vatican.

Il est rare que le Vatican annonce des sanctions contre un membre du clergé avant même que le procès canonique soit achevé.

L'épiscopat canadien, prenant acte mercredi du fait que Mgr Lahey a plaidé coupable de possession de pornographie infantile, a rappelé dans une déclaration qu'il «condamne toute forme d'exploitation sexuelle, en particulier si elle implique des mineurs, et continue de travailler à prévenir de tels comportements et à apporter la guérison aux victimes et à leurs familles».

«Conscients de la confusion et de la colère que cette affaire a suscitées chez les fidèles, nous tenons à témoigner notre sollicitude pastorale à ceux et celles que ces événements ont beaucoup fait souffrir. Nos pensées et nos prières vont notamment à la population du diocèse d'Antigonish et de toute la région de l'Atlantique», ajoutent les évêques.

Peu de temps avant son interpellation à l'aéroport, Raymond Lahey avait négocié un accord à l'amiable portant sur 15 millions de dollars de dommages et intérêts qui doivent être versés aux victimes d'agressions sexuelles commises par des prêtres de son diocèse d'Antigonish.

L'Église catholique est éclaboussée depuis novembre 2010 par une série de révélations de délits de nature sexuelle commis en son sein contre des mineurs et souvent occultés par l'institution.

Le pape Benoît XVI a depuis fermement condamné ces actes à plusieurs reprises, durcissant les règles contre la pédophilie au sein du clergé.

Ainsi, les procédures ont été accélérées pour les cas les plus urgents, la durée de prescription a été augmentée de dix ans et la pédophilie a été assimilée à des agressions sexuelles sur des handicapés. La sanction la plus grave est l'excommunication.