Les combattants d'Al-Qaïda en Syrie ont lancé vendredi à l'aube une attaque contre le siège du nouveau groupe rebelle syrien formé par les États-Unis dans le nord du pays, suivie de heurts qui ont fait 11 morts, selon une ONG.

Cette attaque intervient au lendemain du rapt par le Front Al-Nosra, la branche d'Al-Qaïda en Syrie, de huit rebelles formés par Washington selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), un enlèvement démenti par le ministère américain de la Défense.

«Al-Nosra a attaqué à l'aube le siège de la Division 30 aux environs de la ville d'Azaz dans le nord de la province septentrionale d'Alep», a rapporté l'OSDH.

Cinq combattants d'Al-Nosra et de formations alliées ainsi que six rebelles aidant les membres de la Division 30 à défendre le siège ont été tués dans les affrontements ayant suivi l'attaque, a précisé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de cette ONG.

Selon lui, les combats se poursuivaient sans que les assaillants n'aient pu jusqu'à présent s'emparer du QG. «Al-Nosra veut prendre les armes données par Washington aux rebelles».

Au moins 54 membres de la Division 30 sont entrés en Syrie à la mi-juillet, équipés de 30 véhicules tout-terrain, d'armes et de munitions de fabrication américaine.

Huit d'entre eux, dont un commandant, ont été enlevés par Al-Nosra dans un village de la province d'Alep, selon l'OSDH. Sur sa page Facebook, la Division a dénoncé l'enlèvement du colonel Nadim Hassan et de ses compagnons et demandé «aux frères du Front al-Nosra de les libérer immédiatement».

Le ministère américain de la Défense a démenti le rapt. «Je peux vous confirmer qu'aucun membre de la nouvelle force syrienne n'a été enlevé».

Par «nouvelle force syrienne» (New Syrian Force, en anglais), les autorités américaines désignent les rebelles modérés qu'ils ont entrepris de former pour lutter contre le groupe djihadiste État islamique (EI) qui occupe environ la moitié du territoire syrien.

Le groupe devrait atteindre le nombre de 5400 pour la première année du programme, financé à hauteur de 500 millions de dollars.

La guerre complexe en Syrie, qui a fait plus de 230 000 morts depuis mars 2011, oppose à la fois le régime de Bachar al-Assad, les rebelles syriens, les kurdes et les djihadistes, la plupart venant de l'étranger, qui tentent chacun de s'emparer de larges pans du territoire.

Al-Nosra revendique l'enlèvement

 Le Front al-Nosra a revendiqué vendredi l'enlèvement la veille de rebelles formés par les États-Unis.

«L'Amérique a recruté des types de ce qu'on appelle l'opposition modérée (...) qui ont subi des programmes d'entraînement sous les auspices de la CIA. Il y a quelques jours, un groupe appelé la Division 30 est entré en Syrie (...). Le Front al-Nosra a arrêté plusieurs d'entre eux», indique le groupe dans un communiqué publié sur L'internet.

Al-Qaïda les accuse d'être «des agents des intérêts américains dans la région et de leurs projets de lutter contre "les organisations terroristes" comme ils nous qualifient».

Selon cette organisation extrémiste sunnite, leurs agissements «sont devenus très clairs avec la coopération et la coordination entre la Division 30 et l'aviation de la coalition internationale (conduite par les États-Unis), qui intervient en Syrie pour bombarder et tenter de défaire les positions d'Al-Nosra».