Des analyses effectuées par un laboratoire spécialisé français sur des échantillons ramenés par des journalistes du quotidien Le Monde après une attaque mi-avril à Jobar, en banlieue de Damas, ont révélé 13 cas de contamination au gaz sarin, a indiqué vendredi le journal.

Les journalistes du Monde avaient ramené 21 échantillons, qui ont été analysés par un laboratoire dépendant de la Direction générale de l'armement, du ministère français de la Défense.

«Sept se sont révélés impossibles à analyser ou négatifs. Quatorze échantillons, concernant treize victimes, se sont révélés positifs, mettant en évidence la présence de sarin dans de l'urine (huit fois), des cheveux (deux fois), des vêtements (trois fois), et du sang pour l'une des victimes déjà testée positive sur un habit», a écrit le journal dans son édition datée de samedi.

Le sarin est un puissant gaz neurotoxique mortel, inodore et invisible. Outre son inhalation, le simple contact avec la peau de ce gaz bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire.

Parmi les échantillons récupérés par les journalistes du Monde, des vêtements abandonnés sur la ligne de front et d'autres prélevés dans un centre médical de la proche banlieue de Damas, où ont été traités en avril et mai, des personnes exposées à des attaques chimiques, selon le journal.

Cette analyse «confirme les résultats, rendus publics le 4 juin par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et par Le Monde, des trois premiers échantillons analysés», souligne le quotidien.

Le 4 juin, la France avait accusé le régime de Bachar al-Assad d'avoir utilisé à au moins une reprise du gaz sarin en Syrie. Dix jours plus tard, la Maison-Blanche a à son tour accusé clairement le régime syrien d'avoir utilisé du gaz sarin contre les rebelles.

D'après Washington, entre 100 et 150 personnes sont mortes dans des attaques à l'arme chimique en Syrie.

Les Occidentaux affirment n'avoir eu aucune preuve jusqu'ici d'utilisation d'armes chimiques par les opposants syriens, comme l'affirme Damas.

Une équipe d'experts de l'ONU conduits par le Suédois Ake Sellstrom attend depuis trois mois le feu vert des autorités syriennes pour enquêter sur place sur tous les cas suspects d'utilisation de ces armes.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réclamé à de nombreuses reprises un «libre accès» au territoire syrien pour ses enquêteurs. Malgré les accusations occidentales, l'ONU affirme que seule cette mission d'enquête pourra apporter des preuves irréfutables en recueillant des indices sur place.

Le président de la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie Paulo Pinheiro a réaffirmé la semaine dernière qu'il ne pouvait pas dire avec certitude qui avait utilisé des armes chimiques en Syrie.

La France a annoncé le 22 juin qu'elle avait livré des traitements anti gaz sarin à l'opposition syrienne.

Plus de 100 000 personnes ont été tuées en Syrie, au cours de la guerre qui oppose depuis 27 mois le régime aux insurgés syriens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG.