Le gouvernement égyptien semblait reconsidérer mercredi un projet de loi antiterroriste controversé limitant la liberté de la presse, après une réunion avec des journalistes durant laquelle le ministre de la Justice a reconnu que la profession aurait dû être consultée.

Le syndicat des journalistes va présenter des propositions aux autorités pour un possible amendement de l'article 33 du projet de loi, qui préconise deux ans de prison au minimum pour publication «de fausses informations sur des attaques terroristes qui contredisent les communiqués officiels», selon le gouvernement.

Le premier ministre Ibrahim Mahlab a rencontré mercredi «le chef du syndicat des journalistes, un certain nombre de rédacteurs en chef et des journalistes», a indiqué son bureau dans un communiqué.

Lors de cette réunion, le ministre de la Justice Ahmed Al-Zind a reconnu «qu'il aurait fallu prendre l'opinion du syndicat au sujet de cette loi, et qu'elle aurait dû être soumise à un débat public», selon le communiqué.

M. Zind avait expliqué dimanche à l'AFP que l'article 33 avait notamment été décidé après la couverture médiatique d'attaques djihadistes ayant visé l'armée le 1er juillet dans la péninsule du Sinaï.

L'armée avait fait état de 21 soldats tués, mais les médias avaient publié des bilans bien plus lourds, citant des responsables de la sécurité.

Ces attaques ont été revendiquées par la branche égyptienne du groupe djihadiste État islamique (EI). Elles intervenaient deux jours après l'assassinat du procureur général dans un attentat au Caire.

Durant la rencontre, M. Mahlab a expliqué que l'objectif de la loi n'était pas «de réduire la liberté de la presse et des médias, mais de protéger la sécurité nationale et le moral des soldats qui défendent cette nation», d'après la même source.

Le communiqué précise que le syndicat des journalistes va envoyer au gouvernement des propositions pour amender «l'article 33 et d'autres dispositions de la loi».

Le chef du syndicat, Yéhia Qallach, a déclaré à l'AFP que les propositions seraient «envoyées mercredi soir au gouvernement».

L'ancien chef du syndicat des journalistes, Diaa Rachwan, avait auparavant indiqué à l'AFP qu'il avait proposé au gouvernement de remplacer les peines de prison par des amendes.

Il a également proposé que les tribunaux soient obligés de prouver que l'accusé a publié de «fausses» informations de manière intentionnelle et malveillante, a-t-il précisé.

Depuis que l'ex-chef de l'armée et actuel président, Abdel Fatah al-Sissi, a destitué l'islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, les groupes djihadistes ont multiplié les attentats visant les forces de sécurité.

Les attaques ont tué des centaines de policiers et de soldats, tandis que plus de 1400 personnes, en majorité des pro-Morsi, ont été tuées dans la répression des manifestations de l'opposition.