Une cour égyptienne a donné des peines allant jusqu'à 88 ans de prison à 11 partisans présumés de l'ancien président déchu, notamment accusés d'avoir violé une loi sur les manifestations et attaqué la police.

Ce dossier survient au coeur d'une importante descente du gouvernement mis en place par l'armée contre les Frères musulmans. Les autorités ont tué des centaines d'islamistes et arrêté quelque 16 000 autres depuis le renversement du président Mohammed Morsi, un chef des Frères musulmans, en juillet dernier.

Cinq des 11 personnes condamnées par la cour de la ville de Minya, dans le sud du pays, étaient absentes. Toutes les accusations portées étaient liées à des manifestations à Samallout dénonçant le démantèlement violent par les forces de la sécurité de rassemblements pro-Morsi qui duraient depuis deux semaines. Ces opérations ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés.

Le juge en chef, samedi, était le même qui a condamné à mort près de 530 islamistes présumés, lors d'un procès collectif en mars. Cette sentence a fait sursauter les groupes de défense des droits humains et a été dénoncée à l'international.

Par ailleurs, au Caire, des centaines d'activistes pour la laïcité se sont rassemblés samedi devant le palais présidentiel pour demander au président intérimaire d'abolir une loi sur les manifestations. Cette loi a mené à l'emprisonnement ou à la poursuite de nombreux activistes, dont des figures de proue du soulèvement populaire de 2011 qui a mené au renversement du dictateur Hosni Moubarak.

Adoptée en novembre, la loi interdit tout rassemblement politique et toute manifestation sans avoir préalablement obtenu la permission de la police. Les contrevenants obtiennent des amendes salées et même des peines d'emprisonnement.

Alors qu'ils marchaient vers le palais, samedi, certains scandaient «Liberté» et «Abolissez la loi, libérez-les». D'autres transportaient des photos des activistes emprisonnés. Quelques personnes dans la foule ont déchiré des affiches de l'ancien chef militaire Abdel-Fattah el-Sissi, le candidat favori dans la course à la présidence qui culminera le mois prochain.

M. el-Sissi a obtenu la faveur d'une grande partie du peuple égyptien après qu'il eut mené à bien l'opération visant à chasser Mohammed Morsi du pouvoir. Toutefois, des mesures draconiennes adoptées par le gouvernement depuis, dont cette loi sur les manifestations, ont creusé un fossé avec une frange de l'opposition laïque.