Les détails entourant l'état de santé de Hosni Moubarak surgissent au moment où l'avenir de l'Égypte est en train de se dessiner. Sami Aoun, spécialiste du Moyen-Orient, répond à nos questions.

Q Pourquoi l'armée a-t-elle invalidé les élections, samedi dernier?

R L'armée a fait un retour en force pour dominer le jeu politique et pour revenir à la case départ parce qu'il n'y a aucune volonté, ni égyptienne ni internationale, de se retrouver avec un monopole au pouvoir. L'armée a pressenti que si jamais le président est islamiste (les Frères musulmans), il contrôlera le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. L'armée a coupé court en invalidant le Parlement, de sorte que si le candidat islamiste gagne, il sera un président sans grandes prérogatives et sans grands privilèges.

Q Si le décès de Hosni Moubarak est officialisé, assisterons-nous à de grandes manifestations de joie?

R Dans les us et les coutumes, quand il y a un décès, on ne fait pas de manifestation ou de jubilation. Généralement, devant la mort, il y a une retenue et ça risque d'être le cas, même avec le décès de Hosni Moubarak. Le peuple égyptien est connu pour sa piété et devant la mort, il n'exprime pas sa jouissance. Mais le jugement du tribunal a été considéré comme étant clément à son égard. Des gens éprouvent donc une déception et pourraient vouloir manifester peut-être une peu plus.

Q Les résultats des dernières élections sont toujours inconnus. L'armée invalide les législatives. Moubarak se trouve entre la vie et la mort. Quel avenir attend l'Égypte?

R On aura une nouvelle année de troubles et de turbulences; aussi, le président qui sera élu - qu'il soit le représentant de la stabilité (Chafik) ou qu'il soit islamiste (Morsi) - ne sera pas président plus d'un an et n'aura pas beaucoup de pouvoir. Ce qu'il sera intéressant d'observer, puisque les deux candidats ne représentaient pas l'âme de la révolution, c'est si le bloc libéral révolutionnaire, celui des jeunes de la place Tahrir, pourra cette fois-ci se serrer les coudes et faire un front commun pour être représenté.