Un tribunal du Caire a condamné à trois mois de prison Adel Imam, le célèbre acteur égyptien et ambassadeur de bonne volonté de l'ONU, pour «diffamation envers l'islam» dans des rôles joués à l'écran comme à la scène, a-t-il affirmé jeudi à l'AFP.

Adel Imam, le plus célèbre comédien du monde arabe, a indiqué avoir été condamné par contumace aux travaux forcés après avoir fait l'objet de poursuites par Asran Mansour, un avocat proche des islamistes.

«Je vais faire appel de la sentence», a-t-il dit.

«Certaines personnes cherchant la gloire m'ont intenté un procès pour certaines de mes prestations qu'elles considèrent comme insultantes pour l'islam, et cela n'est évidemment pas vrai», a ajouté Adel Imam.

La vedette de 71 ans, souvent désignée comme le Charlie Chaplin du monde arabe, avait été impliqué dans plusieurs cas de justice avec les islamistes qui considèrent son travail comme blasphématoire.

L'acteur a affirmé que parmi les oeuvres incriminées figurent le film Al-Irhabi (Le Terroriste), dans lequel il joue le rôle d'un musulman fondamentaliste, et la pièce de théâtre Al-Zaeem (Le leader), une comédie où il tourne en dérision les leaders autocratiques de la région.

«Tous les films ou pièces de théâtre dans lesquels j'ai joué ont été soumis à la censure. Si celle-ci les avait jugés diffamatoires, elle les aurait interdits», a dit M. Imam.

Ce dernier a joué dans plus de 100 films et 10 pièces de théâtre, hautement appréciés du public arabe pour leur sarcasme à l'égard des leaders et des religieux.

Lors d'un débat télévisé en 1998, Adel Imam avait eu une discussion très tendue avec trois islamistes des Frères musulmans, qui dominent aujourd'hui le Parlement égyptien.

Depuis 2000, il a servi comme ambassadeur de bonne volonté pour le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), comme beaucoup de vedettes du cinéma et du show-biz international, à l'instar d'Angelina Jolie.

«Durant sa riche carrière, il a mêlé humour et tristesse pour dépeindre les gens ordinaires qui sont victimes d'injustice», écrit le HCR dans une biographie de l'acteur. «Pour ces raisons, Imam est devenu un symbole pour les gens, promouvant la tolérance et les droits de l'homme dans le monde arabe».

Adel Imam a notamment joué dans L'Immeuble Yacoubian, adapté du roman à succès de l'écrivain Alaa Al-Aswani. Le film avait obtenu en 2006 le Grand Prix IMA (Institut du monde arabe) du long métrage, et M. Imam avait reçu le prix du meilleur acteur avec Khaled al-Saxi et Nour al-Chérif.