Une cour militaire a condamné mercredi en appel le blogueur Maïkel Nabil, en grève de la faim pour protester contre sa détention, à deux ans de prison pour avoir critiqué les forces armées.

«Au nom du peuple, Maïkel Nabil a été condamné à deux ans de prison et à une amende de 200 livres égyptiennes», a affirmé la cour dans son verdict.

La cour d'appel a déclaré dans son arrêt que la condamnation de Maïkel Nabil ne relevait pas de «la liberté d'opinion et d'expression mais des délits d'insulte et de diffamation envers les forces armées».

Maïkel Nabil, 26 ans, avait été condamné en avril à trois ans de prison ferme par un tribunal militaire pour avoir «insulté» l'armée sur son blogue, lors du premier procès d'un blogueur depuis la chute en février du président Hosni Moubarak.

Le jeune homme avait entamé en août une grève de la faim. Son frère, Mark, a affirmé à l'AFP que Maïkel Nabil «va durcir sa grève de la faim. Jusqu'ici il buvait du lait et des jus, désormais il ne boira que de l'eau».

Sa condamnation avait suscité de nombreuses campagnes de soutien au niveau international.

Amnistie Internationale avait appelé les autorités égyptiennes à le libérer sans délai.

«Il est profondément inquiétant que le traitement par l'Égypte des dissidents ne semble avoir que peu changé par rapport à la période du président (Hosni) Moubarak», avait déploré en septembre l'organisation de défense des droits de l'homme.

Reporters sans frontières avait estimé de son côté que Maïkel Nabil ne devait «pas devenir le symbole d'une Égypte post-Moubarak où sévit la répression et l'injustice».

Des membres du Conseil suprême des forces armées, qui dirige l'Égypte depuis la chute de M. Moubarak, chassé par un mouvement de contestation populaire, avait affirmé en septembre que M. Nabil n'était pas un «prisonnier d'opinion».

«Ce que M. Nabil a écrit ne relève pas de (la liberté) d'opinion, cela dépasse toutes les limites de l'insulte et de la diffamation et propage des mensonges contre les forces armées», avait rapporté un responsable cité par l'agence officielle Mena.

Depuis, l'armée est vivement critiquée pour avoir traduit des milliers de civils devant des tribunaux militaires pour des chefs d'agression ou de viol, mais aussi d'insultes envers les généraux au pouvoir.