Plus de cent personnes ont péri et au moins cinquante ont été blessées dans l'explosion accidentelle d'un réservoir de carburant lundi près de la ville libyenne de Syrte, a indiqué mardi à l'AFP Leith Mohamed, un commandant du Conseil national de transition (CNT).

«Il y a eu une importante explosion et un grand incendie. Plus de 100 personnes ont été tuées et 50 autres blessées», a déclaré M. Mohamed, faisant état de «dizaines de corps carbonisés».

Selon lui, l'explosion s'est produite alors que plusieurs dizaines de personnes faisaient la queue pour faire le plein de leur voiture, à proximité du réservoir, et l'explosion aurait été provoquée par une étincelle provenant d'un générateur d'électricité.

Le drame s'est produit près de l'aéroport de Syrte, à une trentaine de kilomètres au sud de la ville, à côté d'une station de radio locale où se trouvent deux grands réservoirs de carburant en béton, a constaté un journaliste de l'AFP.

Vingt-neuf véhicules carbonisés sont visibles autour des réservoirs circulaires noircis par les flammes, d'une vingtaine de mètres de diamètre et de quatre mètres de haut. Au sol traînent des bidons de plastique fondus, des chaussures à moitié brûlées, des tuyaux ayant servi à siphonner l'essence et des lambeaux de vêtements.

«L'explosion a eu lieu hier (lundi) vers midi. Elle était très forte, j'habite à 25 km et je l'ai entendue», confie Ali Faraj, 40 ans, qui a aidé à évacuer les blessés.

«Il n'y avait pas d'ambulances pour les blessés et pas de camions de pompiers, on n'a pas pu éteindre le feu» qui a cessé par manque de combustible, «c'est parce que les (combattants) révolutionnaires ont volé tous les véhicules», affirme-t-il, en colère.

À l'hôpital Ibn Sina criblé d'impacts de balles, situé dans le centre de Syrte, le docteur Omran Ajelli ne sait pas combien de personnes ont péri dans l'explosion, les corps n'ayant pas été amenés là.

Il indique avoir accueilli lundi «26 blessés dont 5 dans un état critique, brûlés à 70 ou 80%» et reçu trois cadavres. «Les trois hommes étaient vivants en partant du lieu de l'incendie, mais morts en arrivant à l'hôpital», précise-t-il.

Quant aux cinq patients dans un état critique, «ils ont besoin d'être transférés à Tripoli pour des soins, mais on n'a pas de véhicules, on n'a rien», déplore-t-il, se disant «désespéré».

L'hôpital compte trois médecins, dont un anesthésiste, mais aucun infirmier, et manque des médicaments de base pour traiter ses centaines de patients, brûlés ou blessés par balle dans les combats qui n'ont cessé que jeudi, selon le médecin.

Syrte était le dernier bastion du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi, originaire de la région, qui y a péri jeudi dans des circonstances troubles après avoir été capturé par les forces pro-CNT.

Après des semaines de bombardements de l'OTAN et de violents combats, la ville est dévastée, parsemée de cadavres. Aucun bâtiment n'est indemne et des avenues entières sont inondées par des canalisations éventrées.

Les quelques centaines d'habitants revenus, pour la plupart seulement pour chercher quelques maigres affaires qui n'auraient pas été pillées, expriment leur colère contre les forces pro-CNT, l'OTAN et le président français Nicolas Sarkozy, qui a été à la pointe de la mobilisation internationale.