Un avocat français, Marcel Ceccaldi, a annoncé lundi avoir adressé au nom du régime de Mouammar Kadhafi une lettre au procureur de la Cour pénale internationale pour contester ses investigations et lui demander d'engager une enquête pour «crimes de guerre» contre l'OTAN.

L'enquête du procureur Luis Moreno-Ocampo -qui a débouché sur la délivrance par la CPI le 27 juin d'un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité contre Mouammar Kadhafi, son fils Seif Al-Islam et le chef des renseignements libyens Abdallah Al-Senoussi-, «n'a pas été effectuée dans les règles internationalement admises», a dénoncé l'avocat lors d'une conférence de presse.

«On ne sait pas comment (M. Moreno-Ocampo) a procédé, on ne sait pas qui est allé sur place, quand, comment les gens ont vu ces victimes ou prétendues victimes», a poursuivi Me Ceccaldi qui précise avoir été mandaté fin juin par le ministre libyen de la Justice Mohamed Al-Gamoudi pour représenter les intérêts de la Jamahiriya arabe libyenne.

Il a par ailleurs estimé que la résolution 1973 était «détournée de son objet» et demandé au procureur d'engager une enquête sur les bombardements menés par l'OTAN en Libye, les qualifiant de «crimes de guerre».

«L'OTAN bombarde à la fois ce qui était à l'origine des positions militaires et maintenant des objectifs qui sont des objectifs civils», a-t-il accusé.

«Ces faits là sont définis par le statut de Rome (traité fondateur de la CPI), ce sont des crimes de guerre dès lors que des bombardements sont effectués sur des objectifs où se trouvent des populations civiles», a-t-il insisté. «Vous serez tenu d'accueillir les plaintes des victimes», a-t-il lancé à l'adresse du procureur.

«Si M. Moreno n'engage pas une enquête sur ce point, cela signifiera que la CPI est une justice à double standard (...), que cette juridiction n'est ni équitable ni indépendante ni impartiale», a ajouté Me Ceccaldi qui a notamment été l'avocat de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

«Concernant ce qui se passe dans les zones tenues par le Conseil national de transition (CNT), on ne fait rien», a-t-il par ailleurs déploré. «Le fait que des ressortissants subsahariens ont été égorgés comme des moutons, ça c'est bien un crime contre l'humanité», a-t-il encore accusé.