Les ministres des Affaires étrangères de l'UE, puis les ministres de la Défense de l'Otan se retrouvent jeudi à Bruxelles pour tenter de trouver une difficile position commune sur la Libye où les forces du colonel Mouammar Kadhafi cherchent à mater l'insurrection.

Les ministres des Affaires étrangères, qui se retrouvent pour un déjeuner de travail à partir de 10h30 locales, devront répondre à de nombreuses questions: faut-il oui ou non décréter une zone d'interdiction aérienne au-dessus de la Libye, et si oui, faut-il oui ou non que ce soit sous l'égide de l'Otan? L'opposition libyenne est-elle légitime et faut-il reconnaître le Conseil national de transition (CNT) comme le représentant légitime du peuple libyen?

Les 28 ministres de la Défense de l'Alliance atlantique qui se retrouvent au siège de l'Otan à 13h00 devront répondre aux mêmes questions.

Les Occidentaux sont conscients que la moindre maladresse de leur part pourrait blesser la fierté du monde arabe, voire contribuer à déstabiliser toute la rive sud de la Méditerranée.

S'y ajoutent la crainte d'une vague d'émigration massive d'Afrique du Nord vers le Vieux continent et le risque d'une explosion du prix du pétrole qui ruinerait les espoirs d'une reprise plus vigoureuse.

En cas d'accord sur une zone d'exclusion aérienne et seulement si le Conseil de sécurité de l'ONU donne son aval à cette solution, Washington aimerait que ce soit l'Otan qui prenne en main les opérations.

Au sein même de l'Otan, cependant, des pays comme la France, même s'ils ont déposé avec la Grande-Bretagne à l'ONU un projet de résolution, refusent que l'Alliance atlantique encadre une intervention à caractère militaire dans un pays arabe.

Le colonel Kadhafi a envoyé plusieurs émissaires plaider sa cause auprès des Occidentaux, dont un a été reçu mercredi à Lisbonne, en concertation avec le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

Paris, qui a réclamé à plusieurs reprises le départ de Kadhafi, privilégie au contraire le dialogue avec l'opposition.

Londres et Berlin, dans une lettre commune adressée mercredi à Catherine Ashton, ont estimé que Kadhafi «doit démissionner pour permettre une véritable transformation démocratique» en Libye.

Les Européens sont en revanche unanimement d'accord pour augmenter leur aide humanitaire à la population libyenne.

Vendredi, les chefs d'État et de gouvernement de l'UE se pencheront sur la question libyenne pour un sommet extraordinaire à Bruxelles en vue d'adresser «un message clair et positif» à l'Afrique du Nord.