Le cessez-le-feu en Syrie « est sur le point de s'effondrer », estime dans une entrevue publiée dimanche une responsable de l'opposition syrienne, à quelques jours de la reprise des négociations de paix à Genève.

« Ces dix derniers jours, on a même assisté à une détérioration très grave et le cessez-le-feu est sur le point de s'effondrer », déclare Bassma Kodmani, membre de la délégation du Haut comité des négociations (HCN) de l'opposition syrienne dans un entretien au Journal du Dimanche, affirmant que « l'utilisation des barils d'explosifs a repris ».

« La mission américano-russe chargée de la surveillance du cessez-le-feu est impuissante », affirme-t-elle au journal dominical français.

Le gouvernement américain est le co-parrain avec la Russie de la trêve en vigueur depuis le 27 février en Syrie entre les forces progouvernementales appuyées par l'aviation russe et des groupes de rebelles dits modérés. Les organisations djihadistes comme l'État islamique et le Front Al-Nosra ne sont pas concernées par cette trêve.

« Un coup a été porté à l'opposition, c'est certain », reconnaît Basmma Kodmani, la Russie s'étant « attaquée aux voies d'approvisionnement des brigades de l'opposition modérée sur le terrain jusqu'à ce que la cessation des hostilités intervienne en février ».

Selon elle, le retrait des forces russes annoncé mi-mars « signale à ceux qui soutiennent Bachar que cette aide ne sera plus illimitée et inconditionnelle ». « Toute la difficulté est de savoir si la Russie va pouvoir carrément dicter les termes de la négociation à Damas », prévient-elle.

Les pourparlers de Genève doivent reprendre le 13 avril. Ils visent à mettre en oeuvre une transition politique pour sortir la Syrie d'une guerre qui a fait plus de 270 000 morts en cinq ans et des millions de réfugiés.

Selon la feuille de route de l'ONU, ils doivent aboutir à la mise en place d'un organe de transition d'ici l'été, puis à l'organisation d'élections législatives et présidentielles dans les 12 mois suivants.

« Nous maintenons qu'il faut décider d'une autorité de transition avec les pleins pouvoirs, y compris ceux du président (Bachar al-) Assad, alors que le régime n'évoque qu'un gouvernement d'union nationale avec quelques opposants et indépendants », rappelle Bassma Kodmani. « Personne ne voit comment concilier ces deux visions ».

Elle juge par ailleurs que Barack Obama « a laissé les Russes s'emparer de toutes les cartes du jeu, il n'a pas de volonté politique alors que les États-Unis ont les moyens de s'investir davantage ».