La France va analyser les échantillons de potentielles armes chimiques rapportés de Syrie par des journalistes du quotidien Le Monde, a annoncé mardi un haut responsable français sous couvert de l'anonymat.

«Des échantillons nous ont été remis (par les journalistes du Monde). Nous sommes d'accord pour procéder à des analyses», a déclaré ce haut responsable.

Il a ajouté que le gouvernement français avait par ailleurs, comme les États-Unis et les Grande-Bretagne, analysé ses propres échantillons et conclu à des «indices mais pas de preuve formelle de l'utilisation de gaz de combats» en Syrie.

Deux envoyés spéciaux du Monde, présents en Syrie en avril et mai, ont témoigné lundi dans le quotidien français de l'utilisation d'armes toxiques contre les forces rebelles qui tiennent les faubourgs de Damas.

L'utilisation d'armes chimiques fait l'objet de soupçons depuis déjà quelques semaines dans plusieurs endroits de Syrie, mais n'a pas été formellement prouvée. Un haut responsable américain avait assuré que des armes chimiques auraient été utilisées «en faibles quantités» à deux reprises dans le conflit syrien.

Et plusieurs médias occidentaux, notamment le quotidien français libération, avaient fait état de témoignages sur une utilisation d'armes chimiques.

L'ONU demande en vain à Damas de laisser ses experts enquêter sur les accusations réciproques adressées par le pouvoir et l'opposition concernant le recours à ces armes.

Lundi après-midi à Bruxelles, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait fait état de «présomptions d'utilisation d'armes chimiques de plus en plus étayées» en Syrie.

«Il y a des présomptions de plus en plus fortes, de plus en plus étayées, d'usage localisé d'armes chimiques», a déclaré M. Fabius à Bruxelles, précisant que ces informations, basées «sur les éléments dont nous disposons», faisaient l'objet de «vérifications très précises».

La question des armes chimiques a été abordée lors du dîner entre le secrétaire d'État américain John Kerry, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, et Laurent Fabius à Paris lundi soir, a indiqué le responsable français.

«C'est un point sur lequel, même si nous n'avons pas encore pris de décision, les Russes sont d'accord avec nous», a indiqué cette source. «La question des armes chimiques peut introduire une situation différente car les lignes de clivage (avec les Russes) ne sont pas les même que sur le conflit syrien», a ajouté le responsable.

«Si on a suffisamment d'éléments convergents pour dire que des armes chimiques ont été utilisées, à ce moment là il faudra prendre des décisions avec nos partenaires, examiner les conséquences à tirer», a-t-il encore dit.