L'opposition syrienne ne dialoguera pas avec le régime du président Bachar al-Assad, a affirmé mardi à Istanbul le premier ministre intérimaire nouvellement élu par l'opposition, Ghassan Hitto, lors de son discours inaugural.

«Nous confirmons au grand peuple syrien qu'il n'y aura pas de dialogue avec le régime d'Assad», a déclaré M. Hitto.

M. Hitto a été élu dans la nuit de lundi à mardi par une majorité des membres de la Coalition nationale syrienne de l'opposition, après quelque 14 heures de discussions.

Il doit à présent constituer un gouvernement chargé de gérer les régions syriennes passées sous le contrôle de la rébellion, où cet exécutif doit être basé.

Le chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, s'était dit prêt fin janvier à entamer des discussions directes avec des représentants du régime n'ayant pas «de sang sur les mains», mentionnant des conditions comme la libération de prisonniers et précisant que tout dialogue devait nécessairement porter sur le départ du président Assad.

Mais M. al-Khatib a affirmé mardi à l'AFP que la porte était désormais fermée à de tels pourparlers.

«Le régime a mis fin à cette proposition (de pourparlers), pas l'opposition. L'idée derrière la proposition était d'alléger les souffrances du peuple syrien. Malheureusement, certains pays l'ont utilisé pour tenter de favoriser leur propre ordre du jour en Syrie», a-t-il affirmé.

«La proposition de pourparlers a pris fin avant que nous élisions le premier ministre intérimaire», a ajouté M. al-Khatib.

Dans son discours, M. Hitto a accusé le pouvoir syrien d'être «un gang qui (...) a détruit le pays» et a énuméré certaines des priorités de son futur gouvernement.

«Notre principale priorité est d'utiliser tous les moyens dont nous disposons pour faire chuter le régime d'Assad», a-t-il souligné, assurant qu'il fournirait «toute l'aide possible» aux populations passées sous contrôle de la rébellion.

«Nous vous promettons que nous affronterons les défis ensemble», a-t-il clamé.

Concernant l'élaboration de son gouvernement, M. Hitto s'est défendu de toute approche politicienne.

«L'objectif de ce gouvernement ne sera pas fondé sur des intérêts politiques. Nous choisirons les ministres et les conseillers sur la base de leur compétence technique et professionnelle», a-t-il dit.

Il a précisé que cet exécutif, qui devrait être constitué d'ici un mois selon des membres de la Coalition, allait «collaborer avec l'Armée syrienne libre» (ASL), la principale force armée de la rébellion, pour assurer «la sécurité et l'État de droit» dans les régions sous son administration. Le gouvernement va «combattre le crime» et «limiter la prolifération des armes», a-t-il développé.

Le chef d'état-major de l'ASL, Selim Idriss, a annoncé lundi, avant l'élection de M. Hitto, que son organisation travaillerait sous l'égide du gouvernement intérimaire.

La nouvelle administration va également oeuvrer à «protéger les infrastructures et les ressources publiques et privées», gérer les postes frontières aux mains de la rébellion et coordonner l'aide humanitaire internationale, a complété le premier ministre.