«Je prie pour que la paix s'installe dans les coeurs de tous les Syriens»: dans une église bondée du centre de Damas, les chrétiens prient pour la fin des violences en Syrie, déchirée depuis 21 mois par un conflit meurtrier.

«Nous souhaitons que la sécurité et la paix soient rétablies et que le sourire revienne sur le visage de tous les enfants», affirme Heba Chaoui, 24 ans, une des fidèles de l'église catholique romaine Notre-Dame dans le quartier de Qoussour.

Autour d'elle, ils sont plus d'un millier à assister à la messe de Noël dans cette église de la capitale syrienne, exceptionnellement peu décorée pour les célébrations de la nativité. Seule une crèche a été installée cette année.

Traditionnellement organisée à minuit, la cérémonie a cette année été avancée à 18h en raison de l'insécurité qui règne dans la ville, notamment la nuit. Mais les fidèles sont au rendez-vous, et malgré les chaises supplémentaires qui ont été installées, une bonne partie de la foule assiste à l'office debout.

Parmi ces chrétiens syriens, de tous âges et en majorité vêtus de noir, beaucoup sont venus en famille, comme Ryad Ghanem, un assureur de 45 ans, accompagné de sa femme et ses deux filles de 12 et 15 ans.

«Cette année nous avons un tout petit sapin et la fête va se résumer à la messe. La fête est très triste cette année, mais nous remercions Dieu malgré tout», dit-il à l'AFP.

Hassan Khoury, 51 ans, qui travaille dans cette église, confirme. «Les années passées, Noël était une vraie fête. Cette année, nous ne sentons pas la joie», affirme-t-il à l'AFP.

«Nous ne pouvons pas faire la fête alors que la mort est présente partout dans le pays», explique-t-il encore. Mais, ajoute-t-il, «prier est indispensable jusqu'à ce que nous sortions de la crise que nous traversons».

Jeannette, 65 ans, vêtue d'un manteau de fourrure et portant une élégante coiffure, est venue pour «prier le Seigneur car lui seul pourra permettre une solution» en Syrie, où les chrétiens représentent 5% de la population.

Forte de 1,8 million d'âmes, la communauté chrétienne est restée globalement à l'écart de la révolte populaire lancée en mars 2011 dans le sillage du Printemps arabe et devenu un conflit armé.

Sa hiérarchie et une grande partie de la communauté, par peur des islamistes, ont pris position en faveur du régime.

Samedi, le chef de l'Église grecque-orthodoxe de Syrie, Youhana Yazigi, patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, a réaffirmé que «les chrétiens (resteront) en Syrie», alors que l'ONU a récemment qualifié le conflit d'«ouvertement intercommunautaire».

Le même jour, un bataillon rebelle menaçait d'attaquer deux villages chrétiens si leurs habitants n'en chassaient pas l'armée.

À l'entrée de l'église, une petite urne rappelle la situation dans le pays où plus de 44 000 ont péri en 21 mois de violences, selon une ONG syrienne.

«Dons pour les personnes déplacées. Merci beaucoup», est-il écrit sur l'une de ses faces.